Trois ans après la précédente soirée Modiano et après la sortie de Chevreuse, l’Office du Tourisme (OT) de Jouy-en-Josas a organisé une nouvelle soirée le 25 novembre 2021, introduite par Daniela Quint, Adjointe au Maire Déléguée à la culture. On y retrouvait Michel Tartelin de Jouy Environnement et Patrimoine, Jean-Yves Saez comme lecteur et, la conférencière était devenue un conférencier : Didier Saillier. En 2018, Francine Boursault (présidente de l’OT depuis 2015) était selon ses termes « une lectrice de Modiano non convaincue ». Depuis Chevreuse, la voilà tout à fait convaincue. FB d’expliquer « on y est bien [dans son œuvre] parce qu’on connait les choses ». Il faut dire qu’une certaine adresse : le 38 rue du Dr Kurzenne – où Modiano vécut en 1952 et1953 – est au centre du livre.
Analyse de l’œuvre de Modiano par Didier Saillier
Venu en simple quidam en 2018 lors de la précédente conférence (donnée par Marie-Claude Bessière), Didier Saillier revient en tant qu’auteur invité pour un exposé au micro de 20 mn devant une cinquantaine de personnes. Il s’intéresse sérieusement à Modiano depuis 1995, d’abord dans un cadre universitaire puis en passionné qui vient de publier chez L’Harmattan : Poétique de la répétition chez Patrick Modiano – Style, symptômes, vestiges. « son style est identifiable à partir de Villa Triste » en 1975 et « les critiques de PM sont globalement favorables depuis 1980 », dit-il, avant de citer la critique Michèle Gazier qui écrivit en 1988 : « on a beau se dire qu’il ne se passera rien […], on ne résiste pas au plaisir ». A 52 ans, Modiano acquiert une autre dimension avec Dora Bruder paru en 1997, « finie l’impression de redite, il creuse profond jusqu’à la souffrance ». La souffrance, serait-ce ses années d’enfance à Jouy-en-Josas ?
Son exposé a été précédé d’intermèdes proposés par Jean-Yves Saez, en duo avec Michel Tartelin, tous deux présentant les personnages et les lieux dans l’œuvre de PM. Ainsi, pour Remise de peine (1988) avec l’extrait où « quelque chose de très grave s’est passé », cette perquisition de la police dans la maison où PM vécut enfant avec son frère (Rudy, décédé depuis), qui l’a profondément marqué. Un pedigree (2005) où déjà apparaissait le 38 rue du Dr Kurzenne, sa maison « fréquentée par de drôles de gens » … et où l’on peut lire « J’écris ces pages […] à titre documentaire et sans doute pour en finir avec une vie qui n’était pas la mienne ». On apprend que le St-Leu-la Forêt de Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier (2014) emprunte beaucoup à Jouy-en-Josas, et que le nom du Dr Voustraat serait celui de feu le Dr Poucet (lui aussi résident de la rue du Dr Kurzenne) transformé.
Dans la salle du Vieux Marché de Jouy, où se tenait cette soirée, des témoins directs, contemporains de PM, ont pris la parole.
– Christine Panelli pour évoquer l’épisode où elle a soigné PM, lorsqu’il est venu à Jouy avec Bernard Pivot
-Yves Pignon, né dans la maison qu’il habite toujours, qui jouxte le 38 rue du Dr Kurzenne. Il a été à l’école Jeanne-d’Arc (n° 16 rue de Beuvron) avec Patrick Modiano.
NB : L’itinéraire de vie de l’auteur dans la commune existe sous la forme d’un « circuit » de 2,5 km proposé par l’OT, 10 étapes « Dans les pas de Modiano » sur les lieux qui ont profondément marqué sa vie. Demandez-le à Laura Cambrony, responsable valorisation & promotion touristique, qui a beaucoup œuvré pour la réalisation de cette soirée du 25 novembre.
CB site christophebaillat.jimdofree.com où vous retrouverez des compléments