Le formateur nous a montré des vers de terre en train de copuler et leurs spermatozoïdes sur sa paume, que tout le monde photographiait, c’était étrange. Autour, tout paraissait normal, L. aidait Mélanie, sa maman, à épandre du compost au pied des arbustes d’une allée.
Où étais-je ? Fausses-Reposes, ce toponyme fait froid dans le dos. Qui a lu La cicatrice du diable de Laurent Scalese sait pourquoi. En mode aventure, franchir les 30 mètres de dénivelé, la voix de Google Maps (_ Prendre à gauche sentier Belloc) dans l’oreille. Eviter d’arriver en retard. Le matin, nous* avions reçu une formation théorique au compostage à l’Hôtel de ville de Versailles, qui allait se poursuivre par une session de terrain.
Au sortir de la gare de La Celle Saint-Cloud, la forêt de Fausses Reposes est néanmoins un raccourci pour rejoindre le groupe.
Résidence Circourt. Les bacs (broyats de branchage, apports de restes de fruits et légumes, maturation) sont si bien placés que le label compost drive – s’il existait – pourrait lui être attribué. Mélanie s’excuse, un message WhatsAp lui signale qu’il y a un intrus dans le bac d’apports, une tête d’ananas qui aura du mal à se décomposer. Elle nous confie aux bons soins de sa voisine qui porte un tablier siglé « Maître composteur ».
Petite revue des fous furieux qui l’entourent
Carole est allée chercher des vers de terre dans la forêt car elle a vu que le composteur allait déborder. Sébastien reçoit un panier AMAP chaque semaine et utilise un bac à pâtons pour le lombricompostage depuis qu’il a testé cette installation dans la pizzeria où il travaillait. Jean-Marc dirige un labo. Tous les mardis midi, il bichonne les jardins partagés du domaine de l’Inra.
Jusqu’où le mal s’étend ?
Même les CRS – normalement occupés au maintien de l’ordre – retournent la question des déchets de leur cuisine (100 repas/jour, 7/7, soit 8 tonnes de bio-déchets produites) dans leur tête. Leur site à Bièvres s’étend sur 32 hectares. Compost individuel, de résidence, d’établissement, chacun travaille sa méthode. Le poste de circulation de la gare des Chantiers s’y mettrait aussi.
A quoi reconnait-on un composteur ? Quand il tient un carton, compulsivement, comme il le ferait d’un ticket de métro, il le fractionne en petits morceaux. C’est un toc.
Vient le temps où tout ce que les hommes ne considéraient pas, regardaient comme bon pour la benne, ils se damneraient pour le récupérer. Les sols en sont de plus en plus gourmands.
Ré-habiter nos résidences, comme on anime des jardins d’entreprises
Il y a peu de temps encore, nous regardions depuis nos fenêtres les paysagistes entretenir des espaces qui étaient de moins en moins les nôtres et chaque samedi, nous tondions notre pelouse à ras. Oubliez. Depuis, jardins partagés et compost ont fait leur chemin. Les sessions sont pleines. L’ADN de nos résidences, de nos établissements, se modifie, le miroir a raison.
Christophe Baillat
* article inspiré par une formation de référent de site organisée par Orga Neo à laquelle les Jovaciens étaient bien représentés : 3 personnes de l’Inra, 2 élèves ingénieurs qui travaillent pendant 2 ans à un projet de quartier, 2 représentants de résidence. La commune de Jouy-en-Josas a un défi à relever : déchets moins 10 %.