Si, au fond, lors de ces Assises qui auront duré plus de cinq heures – problèmes techniques et retard des intervenants (les députés Amélie de Monchalin et Cédric Villani étaient à Lyon pour l’élection de Christophe Castaner à la tête du mouvement politique La République en Marche), on avait parlé que de problèmes de couple ? Du couple emploi & main d’œuvre et du rôle que les transports peuvent jouer entre eux.
Approche par les territoires avec la ligne 18 en ligne de mire
Au cours de sa longue carrière, Jacqueline Lorthiois (urbaniste et socio-économiste) a rencontré des zones centripètes (où la population active converge), exemple : d’Antony, des Ulis, de Palaiseau, de Chilly…on converge vers Massy. A l’inverse, d’autres qui sont centrifuges (aire de diffusion d’actifs) et, enfin, des zones « miraculeuses ». « Autonomes », à la fois bassin de vie et zone d’emploi, bassin d’emploi et réservoir de main d’œuvre. Et de citer Trappes et St-Quentin-en-Yvelines. 60% des habitants travaillent sur place. Préservons les miracles. En termes de transport, dit-elle, les petits flux (tels Lonjumeau-Massy, Savigny/Orge-Massy) ne nécessitent pas d’infrastructure lourde, type future ligne 18 du Grand Paris. Concernant le plateau de Saclay, Jacqueline Lorthiois y voit une gamme étroite d’emplois spécialisés (200/12 000) pour des masses de travailleurs qui viendront tous les jours de loin. « une dissociation de territoires terrible ».
L’interroge-t-on sur la ligne 18 ? _ On voudrait structurer une ville par les transports, c’est du non-sens, une anomalie de conception.
Retour en arrière. Genèse du Grand Paris
_ Pas d’évaluation socio-économique indépendante, manque de temps des experts mandatés, accès limité aux données…on bafoue la démocratie, dit le Pr Jean-Pierre Orfeuil (Institut d’urbanisme de Paris) qui parle du projet du Grand Paris (GP) comme « un projet du monde d’avant, un roi thaumaturge fait le bonheur des citoyens en mobilisant des moyens financiers extrêmement lourds».
En 2009, le secrétaire d’Etat Christian Blanc élabore le projet en treize mois. _ Si on le relit, rappelle Frédéric Denhez (journaliste), le GP, c’est merveilleux, on va soigner le cancer, marcher sur l’eau…et la première évaluation faite par la Sté du Grand Paris date de 2013, « cherchez l’erreur ». On a consulté sur le GP quand le projet était bouclé, c’est normal, en France, on n’évalue rien.
Point de situation ligne par ligne
_ Je le vois bien sur ma ligne, entonné sur tous les tons.
Le « la » est donné par Frédéric Denhez : le bus Noctilien est plein, les gens préfèrent s’embouteiller en écoutant de la musique plutôt que de prendre des trains en retard à cause du mauvais entretien. Le Pass Navigo dézoné n’est pas utile à grand monde. Et c’est un mauvais signal envoyé : le transport ne vaut rien.
Le RER aura bientôt quarante ans. Certaines rames ont plus de trente ans, le réseau est à bout de souffle (source : PjL du Grand Paris) avec des effets sur la santé _ selon l’OMS, il y a des problèmes de santé si l’on dépasse 1 heure de transport par jour. Pour Marc Pélissier (Pdt Association des usagers des transports d’IdF), « Il y a eu des progrès, mais de nouveau, les difficultés continuent de plus belle ». Avec 900 000 voyageurs par jour, la ligne B est la deuxième ligne la plus chargée d’Europe ; suivent les taux de panne, les colis suspects et autres sources de perturbation. Il veut un matériel avec davantage de places assises, plus d’offre en heure creuse, le soir et le week-end.
Solutions d’ingénieurs
Modes alternatifs complémentaires vs nouvelle ligne structurante
Dans cette partie, la parole est forcément aux ingénieurs. Pas de philosophie.
Paul Ortais. _ On peut proposer de « tirer une ligne » de Versailles vers Buc et le Technocentre…
Comme Brancusi réduisait la matière à son essence, il réduit un problème à son essence. Plus un sujet (transport en IdF) est complexe, plus il le ramène à une problématique simple. Remettre à plat, repartir à zéro, Paul Ortais (ingénieur, inventeur du concept de mobilité CarLina) vante les mérites de cette technique qu’il a éprouvée. _ Appliquons la méthode à Saclay. Le cahier des charges s’énonce clairement : transporter des personnes et des biens 24h /24h et pouvoir aller partout. Son système de mobilité CarLina est constitué d’un plateau pour cabines polyvalentes. Autres options (« outils d’aménagement urbain »), le téléphérique, le tram-train…solutions chiffrées, avec leur vitesse donnée et leurs avantages & inconvénients. _ Pour le téléphérique, il faut un cheminement avec peu d’intrusion dans la vie des gens…
Transport pour Saclay, oui mais lequel ?
Veuillez m’excuser de n’avoir pas encore dit que nous étions depuis le début (14h le 18 novembre) à un grand rassemblement hétérogène dans le grand amphi « Janet » de Supélec : associations, urbanistes, économistes, élus, opérateurs, usagers et entreprises des transports… pour questionner les enjeux de la mobilité sur le plateau de Saclay et les vallées.
Laurent Probst (IdF Mobilités, anciennement STIF) a entendu ces solutions alternatives, mais selon lui, même s’il travaille à améliorer l’offre de bus pour arriver sur le plateau de Saclay (actuellement, il n’y a que la ligne 91.06, qui « explose »), _ Ça ne suffira pas, on ne peut pas faire sans métro, ça ne passe pas.
Les modes alternatifs complémentaires évoqués ne pourraient pas remplacer, à certains endroits, les infrastructures structurantes, si ?
Christophe Baillat