Ce n’est pas gagné d’avance. Reprenons au début, il est 20h30 à la Médiathèque de Toussus-le-Noble. Nous sommes avec les fidèles qui font confiance à la programmation de Maria du Souich.
_ Ce soir, nous découvrirons des lieux saints de l’écriture. Grâce à quelques complicités, nous pénétrerons dans l’enceinte de son bureau à la nrf et grâce à celles de ses gardiens, nous irons – ce sera un privilège d’y être reçus – à Brinville (photo). Qui sait, peut-être surprendrons-nous le maître de maison en train de lire après le dîner. N’a-t-il pas sur sa table dix ou douze livres ? N’est-il pas obligé de lire une partie de la nuit pour choisir les romans dont il parlera ?
Tout Marcel Arland en trois lettres, ce serait presque possible avec ABC : Amance, Brinville et Corona (sa bonne machine à écrire), à condition d’en ajouter aussitôt trois autres : NRF.
Abécédaire. Pour la lettre A, à part l’Amance, qui a bercé son enfance, je ne vois que cette rivière pour mériter la première place. Saluons-la, nous aussi, l’Amance, de loin mais le cœur y est. Nous voilà en relation avec la Haute-Marne par l’esprit. Pour le B, Banlieue le dispute à Brinville. Qui pour lire le texte onirique qui illustre la lettre B, prendre place dans un train, s’acagnarder sur une banquette, faire soudain apparaître Marie Laurencin entre deux clochards ? Assis ou debout, selon le personnage à qui il prête sa voix, Jean-Yves Saez, fondateur du collectif Passeurs de Rimes, est l’invité–surprise de cette soirée du 29 septembre.
21h, certains n’ont encore rien mangé. Qu’à cela ne tienne, un sandwich, un verre d’eau. Là-dessus, les textes, la lampe électrique (une projection de diapos plonge la salle dans l’obscurité), reprenons. Direction Paris, la nrf et celui que le Figaro littéraire[i] a qualifié de « découvreur », Marcel Arland. 21h30, s’il ne partait pas en vacances, il avait le cafard. Au Rondon[ii], la maison de repos des auteurs. De là à Port-Cros. Découvrons un tout autre Arland, côtoyant Gide ou Paulhan. Son côté gamin dont sa physionomie est imprégnée trouve ici, au-dessus des vagues, un terrain d’application à sa mesure. Pour le L, Langres ou Lecture ? Est-ce que Marcel Arland a choisi ? 22h _ Merci à la ville de Toussus-le-Noble et à Maria du Souich, qui pour les besoins de la bibliothèque lit peut-être autant que Marcel Arland. _ Merci aux signataires de la lettre qui suggère au Montcel (quand il réouvrira) d’honorer la mémoire de Marcel Arland au Montcel où il fut professeur et heureux parmi ses garçons. Tout particulièrement Christian Bouda, proviseur de lycée et fils des gardiens de M. et Mme Arland à Brinville. Sans oublier ceux qui sont au départ de cette initiative : Claude Cailleau (fondateur de la Revue Les Cahiers de la rue Ventura), Michel Crépu (directeur de la NRF), Yvon Houssais (professeur à l’Université de Franche-Comté, Langue et littératures françaises), Rémi Soulié (modérateur des colloques Littérature en Lagast[iii]), Michel Thénard (journaliste en Haute-Marne qui partage avec Marcel Arland une parenté d’Amance[iv]). Ils ont été rejoints depuis par : Jean-Pierre Alix (membre du Groupe de Recherches Historiques de Jouy-en-Josas), Annette Cossonnet (Présidente du Syndicat d’Initiative intercommunal Jouy & Les Loges-en-Josas), … Le public présent à Toussus a été particulièrement réceptif à cette démarche.
Christophe Baillat
[i] 1er décembre 1951. Article de Maurice Chapelan sur les coulisses du Prix Fémina.
[ii] à Olivet, près d’Orléans. Corinne Fourquier, qui accueille pour une ou plusieurs nuits en chambre d’hôte (Achacunsapose) a bien voulu aller photographier Le Rondon.
[iii] dont le dernier, le 15 juillet 2017, fut consacré aux paysages dans l’œuvre de Marcel Arland.
[iv] C.f le site chemindeleau.com