Source Le Monde 28/05/2012
Le vent souffle sur le plateau de Saclay et dessine des vagues qui filent dans les champs d’orge. Nadine Vilain avance sur le chemin agricole bordé de coquelicots, montrant ce qu’il restera bientôt de son exploitation : sur les 40 hectares, seule une parcelle de 13 hectares devrait être épargnée des constructions. Juste à côté passe la N118 – route nationale qui coupe en deux le plateau et rejoint Paris à une quinzaine de kilomètres. Derrière, les bâtiments de Supélec et d’autres grandes écoles ont déjà poussé en lisière des champs, prémices du projet de cluster scientifique et technologique qui doit s’installer sur les terres du plateau francilien, dans le cadre du Grand Paris.
Ce n’est pas pour elle que Nadine Vilain s’inquiète, mais pour sa fille, Elodie. (Lire l’article de monSaclay.fr sur Elodie Vilain). Et c’est par son époux, qui exploitait en fermage des terres du Plateau, que commence son récit : « Il est décédé en 1999 d’un cancer du cœur. Mes deux filles étant mineures, un juge des tutelles m’a conseillé de ne pas laisser tomber l’exploitation, au cas où l’une d’entre elles souhaiterait reprendre l’activité. » Ce fut le cas : après son bac et quelques réorientations, la cadette se sent une vocation d’agricultrice, spécialité maraîchage bio et équitation. « Avec le cancer de mon mari, à 45 ans, on s’est posé des questions… Elle ne veut pas toucher aux produits chimiques », dit sa mère.
Un dernier diplôme à remporter et Elodie Vilain sera fin prête pour s’implanter, dès cet été, sur l’exploitation paternelle, avec un projet de ferme pédagogique et de vente directe de fruits et légumes bio sous le bras. Elle a déjà racheté le hangar contenant charrue, herse, semeuse et autres matériels onéreux. Mais voilà, « arrive sur ça le projet du Grand Paris », lâche Nadine Vilain. Et la possible amputation de plus de deux tiers des terres de l’exploitation. « Ça remet complètement en question mon installation », s’inquiète Elodie.
UN AVENIR EN SUSPENS
Une dizaine d’agriculteurs exploitent les terres du plateau de Saclay. Comme Elodie Vilain, cinq exploitations au total doivent êtretouchées par le projet de cluster, selon l’association Terre et Cité. Deux, selon l’Etablissement public Paris-Saclay (EPPS) pilotant ce vaste chantier – qui doit voir sortir de terre un campus universitaire, des écoles et entreprises du secteur scientifique et technologique, des milliers de logements et un métro.
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