Samedi 10 novembre, à l’initiative des écologistes des 3 vallées (1), flottait sur un pont au-dessus de la RN118, une grande banderole :
« Plateau de Saclay-Notre Dame des Landes, Terres agricoles en danger »
faisant un lien entre notre territoire et celui de cette commune située à quelques 25 kilomètres de Nantes, où le gouvernement en est arrivé, pour tenter d’imposer le projet de nouvel aéroport porté dès 1984 par Jean-Marc Ayrault alors Maire de Nantes, à d’incroyables démonstrations de force (1200 CRS mobilisés au plus fort des opérations).
Ces territoires sont très différents, les deux projets le sont aussi, aucun doute là-dessus. L’un vise à implanter ex-nihilo un « simple » moyen de transport, quand l’autre est une volonté de créer un pôle scientifique d’excellence dans un lieu qui, de par l’implantation du CEA, du CNRS, de Polytechnique, Supelec,… avait déjà cette vocation.
Pourtant, en partant de ce constat (« oui, dans les deux cas, des terres agricoles sont en danger »), qui appelle à réfléchir à d’autres similitudes possibles entre ces deux projets, on réalise que le parallèle peut être fait, en particulier dans les méthodes employées par l’Etat. Qu’il soit d’ailleurs de droite comme de gauche, car sur ces deux exemples, le changement ne semble pas vraiment pour maintenant.
Des terres agricoles qu’on veut bétonner
A Notre-Dame-des-Landes, l’Etat a donc prévu de détruire 2000 ha de terres agricoles et de zones humides (1.400 ha de bocages classés en ZNIEFF) et de raser 90 km de haie bocagère. Il condamne aussi au démantèlement le plus grand bassin laitier de ce département (la Loire Atlantique compte parmi les plus gros cheptels de vaches laitières de France) 1700 vaches laitières, plus de 11 millions de litres de lait par an.
Sur le Plateau de Saclay, l’addition parait a priori moins lourde : sur les 2640 hade ces terres parmi les plus fertiles d’Europe (rendements de blé moyens entre 85 et 90 quintaux par hectare, pour 74 qx/ha en France et 56 qx/ha en Europe.), 2300 ha ont été sanctuarisées par la loi du 3 juin 2010, suite à des années de mobilisation. De quoi se réjouir, surtout quand on sait que le Plateau a déjà subi la perte du quart de ses surfaces cultivées depuis 1982, avec 977 hectares de terres agricoles en moins. Cependant, ces 2300 ha inscrits dans la loi n’empêchent pas d’être inquiet quant aux parcelles qui seront effectivement retenues et le rapport de la commission suite à l’enquête publique du printemps ne suffit pas à rassurer pour le moment.
Des élus locaux que le gouvernement n’écoute pas
A Notre Dame des Landes, s’est constitué le Collectif des élus Doutant de la Pertinence de l’aéroport (le CéDpa). (2). Il regroupe plus de 1000 élus opposés au projet, sénateurs, députés, conseillers régionaux ou régionaux, Maires ou conseillers municipaux, venant de tendances politiques très variées, de nombreuses sensibilités politiques, « du NPA à l’Alliance centriste, en passant par le PS, le parti de gauche, Europe Ecologie les Verts, les Alternatifs, le Modem, des sans étiquettes ». Leur voix ne semble visiblement pas se faire plus entendre que les associations de défense de l’environnement ou agricoles par un gouvernement qui en est à user de la force.
Sur le Plateau de Saclay, il a fallu attendre janvier 2012 pour qu’un protocole d’accord permette enfin aux élus locaux de participer de près au projet d’OIN concernant notre territoire, tout au moins sa frange sud : des mois ont en effet été nécessaires pour que soit actée, au travers d’un comité de pilotage et de comités opérationnels, une participation à part égales du niveau local et du niveau national(3). De même, si les transports sur le Plateau sont prévus depuis longtemps, les liaisons Vallée/Plateau sont les grandes absentes du projet, malgré les alertes incessantes d’élus locaux, en particulier celles de GemGif (4) et de Dimitri Tchoreloff dès la campagne législative de 2007.