Source: Le Monde.fr | 14.12.2012 / Par François de Mazières, député-maire de Versailles
La publication du rapport Auzannet (lire le rapport), consacré au calendrier pluriannuel de réalisation et de financement du projet de Grand Paris Express signe la mort d’une grande ambition.
Dès la première page du rapport, le ton est donné. Rien n’existe avant la loi de juin 2010. D’un trait de plume, sont rayées les millions d’heures de travail produites entre le 17 septembre 2007, date de l’annonce par le président de la République, Nicolas Sarkozy, d’une vaste consultation internationale associant les meilleures équipes d’urbanisme et d’architectes du monde. Pas une seule fois n’est citée, dans cette introduction, l’existence d’un ministère en charge du Grand Paris qui pendant trois ans a coordonné, sous l’impulsion et la vision de Christian Blanc puis de Maurice Leroy, un gigantesque travail.
L’auteur du rapport, M. Auzannet, assume : il est là pour répondre à une commande politique du nouveau pouvoir socialiste, et à une directive claire : le rééquilibrage Est-Ouest. Les conclusions sont donc sans appel : toute la boucle de l’Ouest passe à la trappe. Avec toutefois une exception : le ministre de la ville (PS) François Lamy, président de la Communauté d’agglomération du plateau de Saclay, bénéficie d’un traitement de faveur spécifique grâce à une ligne en cul de sac entre Massy et Saclay. On n’est jamais mieux servi que par soi-même.
C’est-à-dire que le fondement même du projet du Grand Paris, le bouclage de l’Ile-de-France par des anneaux concentriques, disparaît. Ainsi la disproportion entre la fine analyse des potentiels de développement des pôles du Nord (Plaine Commune, Pleyel, Le Bourget, Gonesse, le parc des expositions, Roissy), et l’absence totale d’analyse des pôles de la ville nouvelle de Saint-Quentin, du Mantois, de La Défense (qui fait seulement l’objet d’un surprenant catalogue des lignes déjà existantes) est sidérante. Des omissions qui frisent la mauvaise foi, quand par exemple à propos du cluster Paris-Saclay, il est totalement fait l’impasse sur le plateau de Satory, qui n’est même pas cité une fois de tout le rapport, alors que celui-ci est le deuxième pôle de développement de l’opération d’intérêt national. L’Ouest semble condamné à payer et à se taire.
Le rapport ne dit pas un seul mot non plus sur l’origine des financements de ce qui reste du métro du Grand Paris. Le minimum eût été pourtant, dans les pages consacrées au financement du Grand Paris Express, de s’interroger sur l’origine des fonds et d’étudier les effets du zonage de l’imposition qui s’abat sur les entreprises. Une carte saisissante où l’on voit que la très large majorité des communes et entreprises bénéficiant de ce nouveau transport n’en subiront aucune charge, étant exemptée du paiement de ces taxes.