Sur le plateau de Saclay les opposants au métro aérien souhaitaient profiter de la Cop21 pour attirer l’attention des médias.
Un groupe de manifestants venus de Notre Dame des Landes devait s’arrêter sur le plateau de Saclay avant d’arriver à Paris et être hébergés dans la ferme d’Emmanuel Vandame à Villiers-Le-Bâcle.
« Nous avions prévenu les autorités », déclare Emmanuel lors d’un entretien téléphonique avec MonSaclay.fr. « Nous leurs avions communiqués les noms des participants, leur l’itinéraire et la date d’arrivée ».
La réaction du gouvernement n’a pas tardé : le plateau de Saclay a été placé en zone de sécurité. Lire l’article de MonSaclay.fr.
« Des gendarmes ont été déployés devant la ferme », dit-il. « Nous ne pouvons aller dans nos champs sans que nos identités soit systématiquement contrôlées ».
« Résultats : personne n’a parlé du métro aérien », regrette Emmanuel Vandame.
« Le gouvernement cherche à étouffer toutes contestations », ajoute Emmanuel, « tout comme lors de la réunion publique d’Orsay sur le Contrat de Développement Territorial Paris-Saclay Territoire Sud ».
Dans son article de Michel Meunier écrit : « Imaginez aussi la colère de cet agriculteur de Villiers-le-Bâcle quand on l’a empêché de parler du métro en interrompant brutalement sept fois sa question ! Alors que la ligne 18 est élément du CDT, fiche 2, qui parle même de son « intégration paysagère » (page 47) ».
Ce difficile équilibre démocratique ne risque-t-il pas d’être mis à mal par l’Etat d’Urgence ? De Saclay à Notre Dame des Landes c’est ce que craignent les militants.
Je reprend ici une communication de la zad de NDDL du 11/12/2015
Etat d’urgence : ne nous laissons pas bâillonner !
Appel du mouvement anti-aéroport
Face aux attentats meurtriers du 13 novembre, la réponse immédiate de l’État français a été la proclamation de l’état d’urgence, d’abord pour douze jours, puis pour trois mois (vote à la quasi unanimité du Congrès). Censé faciliter ou permettre, par des mesures d’exception, l’arrêt des attentats et la mise hors d’état de nuire de leurs auteurs, cet état d’urgence multiplie les mesures liberticides et, dans la lutte contre l’aéroport de NDDL, nous nous confrontons à certaines de ses conséquences
Les fichages réalisés par la police dans les mouvements de luttes servent désormais à des mesures répressives sans contrôle d’un juge ou sans procès. Des personnes ont été perquisitionnées à leur domicile et assignées à résidence pour avoir participé à une manifestation, distribué des tracts liés à la lutte de Notre Dame des Landes, ou participé à l’accueil du convoi CAP sur la Cop à Paris. D’autres se voient bloquées aux frontières ou reçoivent des obligations de quitter le territoire. Au-delà, c’est l’ensemble des manifestations de rue prévues lors de la COP 21 qui a été interdit et de nombreuses autres assignations à résidence ont été délivrées à des personnes ayant bravé l’interdiction.
Sous prétexte de protéger la population, l’État cherche à juguler et à dissuader toute contestation (interdiction des rassemblements et manifestations, liberté de s’exprimer)… mais n’annule pas les marchés de Noël ou les rencontres sportives dans de grands stades. On nous somme d’adhérer à l’union sacrée de gré ou de force : les « bons français » tous unis avec leurs politiques, qu’ils soient au pouvoir ou dans l’opposition.
Cette volonté d’enterrer des libertés fondamentales au nom de la sécurité ne concerne pas que les personnes en lutte mais touche de plein fouet les populations les plus discriminées, comme les personnes de confession musulmane ou les migrants qui fuient les fondamentalismes religieux et les conséquences de l’exploitation des pays du sud par les États occidentaux.
Ce régime pourrait bien ne pas être que passager. Tout comme nous avons dû nous « habituer » à Vigipirate, ou à la généralisation du fichage ADN , il est maintenant quasi certain que nous allons voir les mesures soi disant exceptionnelles de l’état d’urgence se pérenniser et s’inscrire dans la Constitution.
Note de MonSaclay.fr : Il est intéressant de noter ce que déclarait dans Le Monde le Professeur de droit public à l’université Jean-Moulin Lyon III, Marie-Laure Basilien-Gainche,
« Il ne faut pas mélanger les genres et troubler ainsi la hiérarchie des normes. Il y a une loi qui est destinée à durer et une prorogation qui ne l’est pas. Il est à craindre que certains éléments ne finissent pas entrer dans le droit commun.
Par ailleurs, l’article sur la dissolution des associations qui est introduit me paraît inquiétant : quasiment toutes peuvent rentrer dans son champ d’application et se voir dissoutes avec pour seul recours le juge administratif.De la même manière, la terminologie de l’article sur les perquisitions administratives est trop floue. Une marge de manœuvre bien trop large est offerte aux autorités. Le contrôle du juge administratif semble peu à même de sanctionner les atteintes démesurées aux libertés.
Si la lutte contre ces derniers révèle ses limites, ce n’est pas faute de textes mais faute de moyens, tout particulièrement humains. Il n’est nul besoin de révision constitutionnelle. »
En savoir plus sur le site du Monde
Malgré l’état d’urgence, le convoi Tracto-vélo du mouvement anti-aéroport s’est rendu jusqu’en Île de France, faisant jour à après jour reculer les frontières de l’interdiction qui lui était faite.
Il nous semble crucial de continuer à faire vivre et partager l’espoir politique qui se construit depuis NDDL : celui qu’il soit possible d’arrêter ici et maintenant les projets nuisibles et imposés, celui qu’il soit possible d’inventer ici et maintenant d’autres manières de vivre, d’habiter, de produire ou de cultiver.
En ces temps sombres, il nous semble plus nécessaire que jamais de partager notre force collective. Ne nous laissons pas bâillonner, continuons à manifester et à contester dans l’espace public.
Des occupant.es de la zad de NDDL
La communication de NDDL était accompagnée d’une vidéo sur les violences policières