Le 14 juillet 1789, le peuple parisien se soulève, c’est le début de la révolution.
Début octobre, un convoi venu de Paris à Versailles réclame à Louis XVI du pain, convoi bientôt rejoint par celui de la milice populaire pour demander la légitimation d’un régime démocratique, et des droits de l’homme.
Le lendemain, la Garde Nationale arrivant trop tard, le château est envahi par un groupe de révolutionnaires violents et le roi est ramené à Paris. Après un âge d’or de courte durée, et sous les contraintes financières et politiques, cette première révolution fût dévoyée par les sectarismes, doctrinaires et religieux, le bellicisme étranger, et les égoïsmes de tout poil, qui finirent par plonger le pays dans la terreur, la dictature impériale, et la guerre.
Après les vicissitudes et résurgences que connut la démocratie française pendant deux siècles, et suite à la capitulation du second empire devant la Prusse, un autre mouvement insurrectionnel se déclencha en mars 1871 : la Commune de Paris, libertaire et autogérée.
Inadmissible pour le pouvoir central bourgeois qui, cette fois en sens inverse, se réfugia à Versailles avec administrations et armée. Pour lancer 2 mois plus tard une répression aboutissant à la « semaine sanglante » : 17.000 morts, et 4.000 déportés en Nouvelle Calédonie.
Au 21ème siècle, sont-ce les réminiscences de ces évènements passés qui ont effrayé notre gouvernement ? Toujours est-il que cédant à la psychose anti-terrorisme, il a perdu le sens des réalités et s’enfonce dans une politique du toujours plus liberticide. Les évènements du 13 novembre, certes tragiques et révoltants, mais sans commune mesure avec ceux rappelés ci-dessus, justifient-ils de susciter un « Patriot Act » à la française ? Et d’en profiter pour mettre sous le boisseau les mouvements contestataires, « désobéissants » peut-être mais pas tous, et surtout écologistes dans l’âme. La prolongation (au Congrès, à Versailles, justement) de l’état d’urgence promulgué semble être le signe politicien d’un « Etat d’urgence » aux abois devant le risque de voir gâchée sa parade de la COP21, et celui d’une déroute électorale. Est-ce une raison valable pour amplifier, propager, et exploiter la paranoïa sécuritaire ?
Toujours est-il que ce samedi 28 novembre, à Versailles, ce sont des convois venus cette fois des provinces, partis depuis longtemps pour certains, retardés, déviés, harcelés parfois par « les bleus », qui y sont arrivés. Libertaires sans aucun doute, pour protester contre un ordre économique qui obnubilé par l’argent, a raté la mondialisation. Ecologistes surtout, pour réclamer des objectifs et des actes compatibles avec notre futur climatique et alimentaire, et pas les faux semblants des « green-washers » de la COP21.
Alors ces « désobéissants », qui « ne lâchent rien » devant les directives absurdes et les grands projets déraisonnables, qui ont bravé l’autoritarisme en faisant preuve de pugnacité, d’imagination, et d’organisation, ne nous donnent-ils pas une leçon d’espérance ?
Le plus bel hommage qu’on puisse rendre à nos morts, ce n’est pas le pathos, ce n’est pas la vengeance, c’est de vivre sans les oublier ni oublier les causes du drame. Et ils sont vivants, ces jeunes enthousiastes à la tête bien faite et au cœur large, et ces anciens toujours verts dressés sur leurs bicyclettes, qui s’indignent de la dérive d’une société qu’ils ont connue humaine.
Ils regrettent quand même un peu la désaffection relative d’une tranche d’âge intermédiaire : celle qui, sans vélo, reste le « nez dans le guidon » dans la compétition exacerbée du travail et de l’emploi. Mais certains de ceux-là ont aussi rejoint en voiture le convoi samedi : un beau bouchon, mais sous le soleil, « on est heureux Nationale 10 ! »
Et sur la Place d’Armes, s’est déroulé la cérémonie de clôture de la convergence des convois : une mise en place rapide car bien rôdée des installations, puis pique-nique et « banquet » festif, servi par les « cantines » mobiles, expertes dans l’art de rendre savoureux les plats végétariens, suivi d’écoute de paroles des différents horizons de lutte : « Nous ne nous battons pas pour la Nature … nous sommes la Nature qui se défend !». Paroles de France bien sûr, et même d’Allemagne (mine de charbon géante à ciel ouvert) et de Finlande (centrale nucléaire). Le rétablissement du contrôle des frontières serait-il perméable ?
Et pour finir, une séance récréative : le crieur du haut de sa tribune lit des messages humoristiques, parfois en se tournant vers les CRS alignés derrière, pour eux avec un mégaphone parce qu’eux, ils ont l’habitude … ; ce fût donc un chaleureux meeting s’éteignant en dansant avec le froid du soir et par un remballage aussi efficace que l’installation. Place nette et dispersion.
La tournure de l’évènement « CAP sur la COP » a ainsi pris une dimension inespérée vendredi, symbolisée par cette banderole rouge.
Rappelons quand même qu’après le bouclage de Villiers-le-Bâcle, où (suite à l’interdiction de manifester à Paris) se préparait à la ferme un accueil solidaire des « marcheurs » ( désormais en vain), les militants écologiques locaux avaient donné une conférence de presse à Palaiseau pour protester contre un Etat « pompier-pyromane ». Alors, sans doute pour faire la part du feu, le Ministère de l’Intérieur a laissé le convoi arriver et s’installer à Versailles.
Peut-être le ministre se mordait- il les doigts des mesures d’exception disproportionnées et ridicules prises sur le Plateau de Saclay (décidemment placé sous le signe de la démesure) ?
Laissé arriver et même facilité, car la circulation de ce convoi, permise cette fois par la préfecture des Yvelines, elle, a été « accompagnée » par la police, dont les motards, aux carrefours, intimaient le respect aux automobilistes énervés qui auraient bien bousculé les baliseurs cyclistes.
Facilité quand même non désintéressée, avec l’énorme téléobjectif à distance, et un photographe chauve et barbu, en civil dans la foule, aperçu précédemment près d’une moto de police. Car certains participants arboraient des signes ostentatoires de « zadiste » : masque ou foulard sur le visage. Ni « islamique suspect », ni « noir anarchiste », mais ils ont leurs raisons de ne pas être catalogués ou identifiés ; les « désobéîssants » tombent assez souvent sous le coup d’une sanction judiciaire. S’en trouvait-il le lendemain parmi les « black-blocs » de la place de la République ? Certainement pas en majorité mais peut-être quelques-uns qui auraient risqué alors d’offrir sur le plateau (des médias) une aubaine pour discréditer leur mouvement. Alors interdisons-nous une généralisation abusive, toute collectivité a ses moutons noir, même celle des gens « honnêtes », « bien pensants » et légalistes. Et d’ailleurs qu’a donc montré l’état d’urgence ce dimanche ? Qu’on pouvait déployer des forces de l’ordre en nombre, perquisitionner et assigner à résidence sans jugement un millier de personnes, en mettre en garde à vue une centaine, interdire la manifestation, sans pour autant empêcher des troubles d’éclater.
A Versailles au moins, sans interdiction péremptoire et avec une police restée discrète et sobre, tout s’est bien passé.
Pendant ce temps-là, sur le Plateau (de Saclay), certains tremblent encore de voir planer le spectre d’une « ZAD » sacrilège au culte du « Grand Paris ».
Une direction de Grande Ecole de « têtes bien pleines » est allée jusqu’à diffuser une circulaire intérieure mettant en garde contre « des manifestations hostiles … des actions violentes », l’enracinement d’une Zone à Défendre …
Et elle a même mis en place une adresse mail de délation !
Une crèche de Vauhallan a reçu la visite de gendarmes avertissant de la venue de manifestants voleurs. Voleurs de jardins, pourquoi pas voleurs d’enfants non plus ?
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En repensant à tout cela, et comme disait l’impertinent Coluche (qui nous manque bien) :
« J’me marre » …
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Le saccage des « offrandes » aux victimes des attentats Place de la République ! Les médias ne se sont pas privés d’utiliser des images pour diffamer les manifestant-e-s.
Pas toutes les images, en voici d’autres montrant qui a vraiment piétiné les bougies et les fleurs…
https://vimeo.com/147253835
https://vimeo.com/147303009
Dans tout conflit civil, il y a deux camps, en France comme ailleurs : celui qui utilise des armes pour imposer un pouvoir totalitaire et celui des personnes qui sont blessées, mutilées ou tuées par ces armes.
Dimanche 29 novembre, après avoir laissé converger les manifestant.e.s sur la place de la République, le dispositif policier a bouclé tous les accès, y compris les entrées de métros. Puis, d’abord par provocation et ensuite pendant plusieurs heures, ont été tirées des grenades, lacrymogènes et assourdissantes. A chaque détonation on mesurait avec quelle indécence l’Etat est prêt à porter l’image de guerre, atmosphère injustifiable dans ce quartier encore sous le choc du massacre du 13 novembre. Et les forces « de l’ordre » ont chargé la foule encerclée, frappé des personnes sans raison, puis ont contrôlé de façon humiliante ceux qui voulaient sortir de la nasse. Ensuite la rafle a commencée : 317 personnes ont été placées en garde à vue arbitraires pendant 24 heures; 9 gardes à vues ont été prolongées à 48h; 4 ont été de nouveau prolongées; 2 personnes sont passées en comparution immédiate. Dans le même temps des ressortissant-e-s de pays européens arrêté-e-s sans motif sur la voie publique ont été conduites en centre de rétention administrative où on leur a ordonné de quitter le territoire français.
(je précise qu’aucun-e habitant-e de la ZAD n’a été arrêté-e, nous avons probablement acquis une expérience salutaire de la perversion de nos ennemis).
Chaîne de la Nature, humains, salamandre et triton, au mur à fusiller
∞
Trois jours avant dans la région parisienne, 24 personnes avaient été assignées à résidence pendant la durée de la COP21. Des perquisitions avec confiscation de matériel informatique ont été effectuées dans leur lieu de vie au motif de participation à des mouvements contestataires (contre l’état sécuritaire, la montée du fascisme, la destruction des condition de vie sociale et environnementale, pour la solidarité avec les migrant-e-s, etc). Cet arsenal répressif démesuré vise surtout des militant-e-s politiques altruistes, alors que les groupes véritablement dangereux (discrets, démultipliés, et farouchement déterminés) ont déjà montré qu’ils savaient échapper aux mailles du filet pour perpétrer des attentats. Non, l’unique objectif de cette répression est de dissuader la population de contester l’oppression du système institutionnel et la mascarade officielle de la COP21.
Luttons tou-te-s contre le terrorisme d’Etat et les médias collabos.
Signé : « Un triton libre qui ne se laissera pas intimider ni exterminer! »