COMMUNIQUE DE PRESSE / Mardi 26 février 2014
Les opposants au projet d’aéroport de NDDL et de son monde ne sont pas dupes du changement de tactique de la part des défenseurs du projet : leur volonté de l’imposer en force est passée d’une logique frontale d’expulsions et d’occupation policière de la zone à défendre, à une logique moins spectaculaire mais tout aussi obstinée, aussi bien par le biais d’arguments pseudo-écologiques (déplacements des espèces, mesures dites « de compensation » etc) qu’à l’aide d’arsenal juridique et politique (arrêtés préfectoraux, arbitrage européen en faveur du Partenariat Public Privé etc).
La manifestation du 22 février 2014 avait pour but de signifier au gouvernement, à Vinci et aux pro-aéroports que le projet ne saurait passer en force sans rencontrer une fois de plus une résistance déterminée des opposants; l’importance de la mobilisation de samedi l’a démontré : les différentes formes qu’a pu prendre cette manifestation, malgré les tentatives de division relayées par les médias, ont participé de sa force.
Des tritons crêtés, des salamandres de feu et des masques à gaz, des clowns, des lunettes de ski, des enfants-arbres, des encapuchées, des maquillages aux couleurs partisanes: différents masques marchaient côte à côte contre la même mascarade du Capital et de l’Etat.
Après deux mois de préparatifs, la manifestation n’a pu emprunter le parcours initialement prévu et a été accueillie par un vaste dispositif policier verrouillant tous les abords du centre-ville et donnant à celle-ci les apparences d’un « état de siège », tout en feignant de préserver la normalité d’un samedi après-midi commerçant à Nantes.
Au niveau du Cours des 50 Otages, passage incontournable des manifestations nantaises, une large barrière anti-émeute était dressée face aux manifestants, avec des camions lances à eau et de nombreuses unités de gardes mobiles disposées derrière ainsi que sur les rues latérales. La préfecture aurait voulu aménager le lieu de l’affrontement qu’elle n’aurait pas agi autrement. Personne ne s’y est trompé : les tracteurs disposés en tampon au long de la barrière ont fini par la quitter sous les tirs de lacrymo et les jets délibérés de lances à eau à leur encontre. Des affrontements ont continué sur le cours Roosevelt et près du CHU, les manifestant.es essuyant des pluies de lacrymo et de grenades assourdissantes, pour certaines en tirs tendus. L' »État de droit » doit-il s’affirmer au travers d’un usage disproportionné de la violence, dont il prétend avoir le monopole?
Les images des violences et surtout leur instrumentalisation politique et médiatique cherchent à impressionner et à noyer dans le sensationnalisme les enjeux réels de la lutte contre le projet d’aéroport de NDDL. Les tentatives de décrédibilisation du mouvement par la stigmatisation des actes de violence évacuent leur contenu politique. Elles masquent également la question des pratiques de lutte et de leur répression dès lors que celles-ci sortent du cadre de la contestation autorisée.
Quand on récolte la tempête, interrogeons-nous sur qui sème le vent.
Nous ne nous laisserons pas classer ni enfermer dans des catégories dans lesquelles nous refusons de nous reconnaître. Nous sommes tou.te.s des casseur.es- d’œuf, de pieds, de pipes, de briques, de dialectique, et de boutiques. Nous ne nous laisserons pas diviser par les polémiques qui tentent d’éclipser les raisons qui nous rassemblent : nous nous battons contre l’aéroport et son monde, contre la parodie de concertation et ses flics, contre l’enfumage politicien et médiatique, contre la violence capitaliste – pour le choix de nos formes de vie et le respect de l’environnement dans lequel elles s’inscrivent.
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Comment peut-on encore être surpris par les méthodes de M. Valls !
Pour avoir participé personnellement à toutes les manifs contre le « Mariage pour tous », tant à Paris qu’à Versailles, je peux affirmer – pour en avoir été un témoin oculaire – que les méthodes de M. Valls étaient les mêmes: celles de la provocation d’abord, celles de la manipulation de l’opinion via des médias complaisants et du mensonge d’Etat ensuite.
Modifications du parcours en dernière minute, mensonge éhonté sur les chiffres des participants, mensonge sur la nature réelle des manifestants, laisser-faire face aux inévitables groupuscules violents pour mieux allumer la mèche de la répression et hurler aux extrémismes…
Mensonge, mensonge, mensonge… jusqu’à dégoûter les manifestants et révolter les plus déterminés.
Mon propos ne justifie nullement les actes de violence des « casseurs » de Nantes. Cette violence est hautement condamnable, c’est évident. Mais qui en est le principal responsable, si non M. Valls !
Les « casseurs » anarchistes squattent depuis plus d’un an sur les terrains de ND des Landes, abrités et nourris par des associations écolos ! Le président (socialiste) de la Région Pays-de-Loire, indigné, vient de le confirmer. Pourquoi ont-ils pu librement se rendre à la manif de Nantes ? Parce que M. Valls les a laissés faire pour provoquer le cycle bien connu « violence-répression-violence » qui permet au pouvoir (très affaibli) de montrer ses muscles !
Je ne suis proche d’aucun parti politique et mon analyse se base uniquement sur l’histoire: viendra un jour où, si nécessaire, M. Valls n’hésitera pas à violer les règles de la République, par la force s’il le faut ! Ses méthodes, parfois, ne sont déjà plus celles qui ont cours dans une République ! Par exemple quand il a fait jeter en prison pendant plusieurs semaines un jeune garçon absolument pacifiste qui avait eu l’audace de prier sur la voie publique, à Paris, pour manifester son opposition au « Mariage pour tous ».
Attention, vigilance ! Il y a danger.
Une chose est sure, c’est qu’actuellement les avions décollent de Nantes-Atlantique (ex Château-Bougon) juste au dessus de la ville de Nantes. Outre des nuisances insupportables pour les Nantais, chacun sait que les problèmes de vols se présentent essentiellement au décollage (demandez aux habitants de Goussainville) et un tel problème de solderait par des centaines voire des milliers de morts. Il est donc urgent de faire quelque chose et si la solution passe par NDDL, il faut le construire le plus rapidement possible, même si ça déplaît à des gens qui n’habitant pas Nantes, ne sont en rien concernés.
Quels est le taux de remplissage de Nantes Atlantique? l’utilité de NNDL est elle vraiment nécessaire?
Pour contre exemple, l’aéroport de Vatry (51) dont la modification en 2006 en aéroport de desserte Pais reste un monumental échec : le fret après un coup de pousse de l’état est retombé à un niveau misérable (8000 tonnes pour une capacité de 120 000!?). pour ce qui est de la desserte passager, certes en augmentation, après prés de 10 années d’exploitation elle atteint péniblement 100 000/an avec principalement Ryanair à grand coup de subventions!
Bref un investissement colossale et des pertes financières pour le département (220 Millions d’€).
Plutôt que de construire un nouvel aéroport, ne serait il pas plus judicieux, économiquement parlant, d’étendre celui de St Nazaire?
J’ai fréquemment participé à des manifestations, certes pas les mêmes que Gérard Bardy, mais je partage son avis sur les méthodes utilisées par l’Etat,quel que soit d’ailleurs le gouvernement en place.
Quant à celui de Claude Gallas, que j’aime bien (Claude, mais pas son avis), je pense qu’il doit être pondéré en élargissant le champ de vision :
– pour les nuisances sonores, les Nantais en subissent d’autres (faut il déplacer les gares à la campagne, ou fermer les villes aux autos?),
– pour les risques, où va t’ on déplacer les centrales nucléaires? Et qu’en serait il autour de l’AGO 10 ou 20 ans après ? (Orly avait été installé à la campagne, Roissy aussi).
Le sujet de Notre Dame des Landes concerne tous les français de par l’ensemble de ses implications et je compte revenir dessus dans un prochain article.