Qui a bien pu relâcher Pierre Daninos (1913-2005) dans une boîte à livres de Jouy-en-Josas où il vécut ? Bien lui en a pris, c’est un régal !
Quand il écrit : Vacances à tous prix*, son frère Jean s’est déjà lancé dans la construction automobile (FACEL). Avant de présenter un nouveau modèle au Salon de l’auto de Paris en octobre 1954,
Jean Daninos avait demandé à son frère Pierre, journaliste et écrivain pas encore célèbre, de lui suggérer un nom de baptême et ce dernier, s’inspirant des astres, suggéra le nom de l’étoile Véga, l’une des plus brillantes du ciel d’été et par delà symbole de puissance et de prestige.
Amicale Facel Véga
La célébrité viendra avec les Carnets du major Thompson (Hachette, 1954), cet Anglais lancé « dans la jungle des Français ». Vacances à tous prix paraît chez le même éditeur quatre ans plus tard. Il y retrace (JOIES DE L’AUTO) comment, sans rien leur demander, les voitures de son frère lui ont révélé – en général un dimanche, la nuit, sur une route déserte – leurs faiblesses . Chaque fois le même scénario se répète chez le garagiste, en deux temps : « Vous en avez de la chance d’avoir un frère dans l’automobile ! », puis, quand il ouvre des yeux ronds comme des phares devant ces nouveautés encore à l’étude : « Vous auriez une voiture normale, explique l’homme de l’art, je vous arrangerais ça en un clin d’œil […] mais avec ça… ». Pierre Daninos adore raconter ces drôles de situations. Pour rester dans la même partie du livre (L’homme au volant vu par Sonia), le conducteur se met dans la peau de son épouse, passagère (nous sommes au temps des cartes routières et du premier mariage de Pierre). Sonia est un personnage de fiction qui a des progrès à faire comme copilote (« Mais la femme a-t-elle été mise au monde pour lire des cartes routières ? »). JOIES DES ENFANTS, JOIES DU SKI… le regard de Pierre Daninos est toujours incisif et drôle. S’il se prend parfois comme victime, les autres ne sont pas en reste, qu’ils soient du genre professeur, m’as-tu vu…
L’époque du livre nous ramène à celle de Spoutnik, aventure spatiale qui ne laisse pas les enfants indifférents, mais c’est une autre de ces super histoires.
Christophe Baillat
* Vacances à tous prix, Librairie Hachette, 1958.
On peut lire en complément : Daninos raconté par sa femme publié sur ce même blog.
2 Comments
Facel Véga ? Ephémère tentative française de produire des automobiles de prestige. Elle a marqué ma jeunesse des années 60.
Albert Camus venait de trouver la mort dans l’accident de la HK500 de son ami Gallimard. Pourtant la « caisse » était solide, même si la conduite était délicate. Je me souviens des piliers d’une pergola de café emportés par l’embardée de celle d’un copain, avec peu de dommages pour la voiture. Et de l’état de la 4CV de ma fiancée, emboutie par une autre Facel qui lui avait refusé la priorité.
Voitures séduisantes mais dangereuses ? Peu importe, j’en avais acquis une d’occasion, la plus petite, le cabriolet Facellia F2B de 1962, à la mécanique moderne (mais à la fiabilité non démontrée). En mauvais état, j’avais entrepris de la restaurer puis j’ai recédé la suite à un autre amateur. Elle roule toujours dans les sorties de l’Amicale Facel Véga !
Témoignage d’une époque où la « bagnole » était reine … Aujourd’hui c’est le dérèglement climatique qui me préoccupe et je me concentre sur la limitation de mon bilan carbone.
MRM
Merci beaucoup, Michel, pour ce récit personnel qui nous remet le nez dans les mécaniques, plus ou moins fiables mais qui font l’objet de soins attentifs de la part des passionnés. Content que l’épopée des Facel Véga se poursuive entre amateurs que l’Amicale réunit !