C’est l’heure calme, il est 13 h 30, entre un livreur de la brasserie parisienne Kraft (La Parisienne…) avec quelques cartons. « On reçoit aujourd’hui une de leurs bières, l’Intra-muros qui sera classée bio l’année prochaine ». Céline Beaugrand dos Santos explique qu’on cultive du houblon dans Paris, sur les toits ou sur des surfaces qui remplacent d’anciennes friches. Il fait bon vivre à Jouy-en-Josas, apprécie Nelson, « l’accueil des habitants a été magique, clients ou non, ils sont venus en curieux, attentifs au changement d’enseigne sur leur territoire ».
L’installation remonte à fin 2020 et tient ses promesses au-delà des espérances des époux associés.
Le Casier, la cave de la vallée de la Bièvre, 11 rue Oberkampf 78350 Jouy-en-Josas
Nous pourrions parler longtemps de la bière que Céline a défendue dès le début (elle a de qui tenir, son père a aidé la brasserie rennaise Skumenn via le crowdfunding pour le lancement). En général, les brasseurs ne savent pas quoi faire des résidus : moût et drèches, L’Atelier Second Life a eu l’idée d’utiliser ces dernières (des céréales compressées) pour en faire des gâteaux apéritifs, les Crackers.
Goûter le vin est comparable à une pratique sportive
Il fallait faire entrer 300 références dans 23 m2.
Nous avons fait appel à un ami architecte, Serge Attalah, qui outre un restaurant que nous possédons à Paris, a également conçu le Club Med de Marrakech. Il nous a donné un coup de main ». La vaisselle utilisée dans le restaurant parisien est d’ailleurs exposée. Elle témoigne de la double activité des associés qui forment également un couple dans la vie. L’un et l’autre ont une formation en œnologie reçue à l’École du vin française (de 12 à 30 vins goûtés par jour). Nelson se souvient de son premier verre, bu en 1985, un vin de Beaune chez le vigneron Claude Maréchal. Depuis, l’un et l’autre ont beaucoup appris, par les dégustations, les rencontres et leur restaurant parisien.
Êtes-vous expérimenté ou en construction ?
Le meilleur moment pour goûter un vin est entre 10 h et 11 h ½ pour être en forme. En forme ? Céline et Nelson expliquent : « On doit être concentré pour mobiliser son cerveau. Plus on est expérimenté plus on va droit au but car la bibliothèque est déjà constituée. Par exemple, il y a une case “boisé”. Mais si on est en cours de construction, ça prend plus de temps ». La mémoire sensorielle sollicitée et entraînée sur tous les terrains, le commentaire vient spontanément pour parler de tel ou tel flacon. « Il faut prendre du temps sur un vin, le décortiquer, c’est un long travail d’archives. C’est à la portée de tout le monde si on s’y intéresse un peu ». Ce meuble est la perle que l’on repère tout de suite, pratique pour l’interview (le micro est posé dessus), il est surtout prévu pour des dégustations. Y trônent en majesté des Porto rares, comme ces cuvées de 1970, 2003 et des Champagne rosés. De part et d’autre de cet îlot central, les rayons avec les bouteilles. Un alignement seulement interrompu par la vaisselle déjà mentionnée qui « casse le rythme et aère un peu » : un grand plat et des bols très colorés (idéal pour des verrines ou des porte-carottes). Elle est proposée à la vente. Parmi les bouteilles, il y en a une, un vin italien, le Capo di Stato (photo), si connue que son nom est seulement au dos, sur la contre-étiquette. Le nom de la cuvée a été donné en hommage à une visite au domaine du Général de Gaulle. Indépendants, Céline & Nelson choisissent leurs vins et sont à l’écoute de leurs clients pour rechercher leurs vins préférés.
Christophe Baillat
Auteur de « Itinéraire d’un fils d’enseignants – Un amour soudain pour l’entreprise », paru en mars 2021 aux Editions Les Impliqués