A 3h ce matin, l’Etat est venu porter la violence. Au nom du droit, mais certainement pas de la justice.
Le droit de réprimer une expérience de vie collective, humaine et naturelle mais dont les principes étaient profondément subversifs pour notre système dit « républicain ». La jouissance collective d’un bien commun tel que le sol, et la démocratie conçue comme un processus lent de consultation de tous avant les décisions, ne peuvent bien sûr pas être tolérées par une doctrine de la prééminence des « élites » représentatives, et de la compétition pour l’appropriation, qu’on appelle le libéralisme. Mais que nous offre cette doctrine sinon le creusement des inégalités, la paupérisation des classes moyennes, les guerres, et le délabrement de notre écosystème ? On peut s’y accrocher quand on conserve des bribes de privilège, alors après nous le déluge ? Quand de Darwin on ne veut retenir que le « struggle for life » en occultant la coopération symbiotique, eh bien on pousse les « zadistes » à combattre pour leur survie.
Pourtant toutes les composantes qui s’étaient alliées1 pour empêcher la réalisation de ce projet dépassé d’aéroport avaient bien tenté d’assurer l’avenir du territoire qui leur tient à cœur dans une démarche de concertation : plateforme d’objectifs, création d’une association pour gérer le problème, proposition de convention collective. Ceci pour établir les projets d’occupants « historiques » ou « zadistes » qui tous peuvent prétendre à une légitimité sur le site.
Peine perdue, l’Etat n’a répondu que par une fin de non-recevoir. La collectivité n’intéresse pas notre gouvernement, au contraire, il a cherché à la dissocier, mais il s’est heurté à la solidarité du mouvement. Alors en invoquant le prétexte de ne pouvoir identifier personne (ce qui est faux), il déclenche des expulsions aveugles. En toute illégalité comme l’ont signalé d’éminents juristes2.
Il faut savoir qu’à l’affût pour la récupération des terres se tiennent des agriculteurs affiliés à un syndicat productiviste, et influents à la Chambre d’Agriculture. Et que d’aucuns se bercent de l’idée d’une « Silicon Valley Agricole » (le « silicon » est un symbole de propagande très couru pour les « silly cons »).
Je ne suis pas un « héraut » mais faut pas croire ce que diront les journaux. Là-bas il y a bien sûr des « radicaux » sans pour autant être des terroristes, mais il y a surtout des jeunes, des presque vieux, des enfants, qui vivaient bien et sereinement … avant l’arrivée des gendarmes mobiles.
A leur façon qui n’est pas la nôtre, mais qui pourrait être celle de notre descendance.
Ce matin, les journalistes sont interdits sur la zone et les seules images qui seront diffusées seront celles de la gendarmerie.
Non, je ne peux pas accepter de revivre comme sous le Consulat, une marche forcée vers l’Empire.
Je serai ce soir à Belleville pour manifester mon indignation.
1 ACIPA, Association Citoyenne Intercommunale des Populations concernées par l’Aéroport …
CéDpa, Collectif des élus doutant de la pertinence de l’Aéroport
COPAIN, Collectif des Organisations Professionnelles Agricoles Indignées
Assemblée des usages de la ZAD
2 Droit au logement, Syndicat de la Magistrature, Syndicat des Avocats de France
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