Tout d’abord, merci à Christophe Baillat de faire vivre monSaclay.fr, qui s’était bien étiolé depuis que Stan nous veille à distance.
La mobilité, terme à la mode, n’est pas une fin en soi. Encore faut-il savoir pourquoi on bouge, et vers quoi on va. Christophe a bien rendu la perplexité qui pouvait saisir tout un chacun lors du colloque de CentraleSupélec. A mon tour, je livre ici des élucubrations pas si fantaisistes qu’elles peuvent en avoir l’air.
Samedi dernier, il y avait deux équipes, des arbitres, et des spectateurs. Tous mobiles car la rencontre commençait tôt et finissait tard, et au gré des arrivées et des départs, c’est 350 personnes qui se sont senties concernées sur ce terrain complexe et controversé.
L’engagement pour l’équipe du « mieux être » fut donné par Jacques de Givry, qui après rapide auscultation du terrain, passa à Jacqueline Lorthiois, dont la descente fut révélatrice de son talent. Bien documentées (INSEE 2013), ses « zones intenses » (espaces de réunion géographique d’un bassin d’emploi et d’un bassin de main d’œuvre) font le bonheur des habitants et des employeurs. Ce sont des idéaux à atteindre, et à préserver quand ils existent (comme pour Trappes, Saint Quentin en Yvelines ou Versailles). Nulle part, de Versailles à Orly, le tracé de la ligne 18 ne dessert les axes principaux de déplacement domicile-travail : il leur est perpendiculaire. Relier ces bassins par un tel axe de transit, c’est couvrir seulement 3% des besoins actuels. Une misère pour le présent, coûteuse, et déstabilisante pour le futur. En permettant des déplacements plus distants, au seuil de la durée tolérable, ce transit sert à concentrer les entreprises et à excentrer la population active.
Après cette longue et brillante chevauchée du « mieux être », c’est la contre-attaque de l’équipe de l’« avoir plus » : Laurent Probst « Ile de France Mobilités » vient de rentrer sur le terrain et pousse la ligne 18 sur un plateau de Saclay effectivement déstabilisé : des activités qu’on y concentre, des chercheurs et des étudiants qui n’y logent pas.
Passe en retrait au défenseur Jean-Noël Barrot : les lignes de transit aèrent l’Ile de France multipolaire et libèrent les étoiles de la couronne. Pressentons nous, à l’heure des COP21 à 23, un transport « structurant » qui promet l’arrivée de plus d’entreprises, la construction de plus de logements, bref le grand credo développement et urbanisation de la région ?
Mais Barrot sort, Jean-Pierre Orfeuil tacle et reprend la balle : le Grand Paris, c’est un projet de développement à l’ancienne, à l’évaluation socio-économique bâclée, sans concertation démocratique.
Passe à Jean-Noël Chapulut : c’est le réseau existant, puissant mais trop fragile, qui assure les dessertes indispensables.
Du banc, Frédéric Denhez, exhorte les « mieux vivre » : arrêtons d’aligner des solutions, le problème c’est l’étalement urbain, attaquons ses causes, contrôlons le foncier et l’immobilier !
Antoine Dupin intercepte pour les « avoir plus », mais met en touche : les recours contre l’utilité publique de la ligne 18 sont un carton jaune, mais pas rouge, les études et travaux continuent.
Marc Pélissier joue cette touche pendant que le RER B est souffrant, il faut le soigner et vite.
S’ensuit un récital technique entre Harm Smit et Paul Ortais sur les alternatives possibles. Gilles Dansart temporise en reprenant le thème de transport structurant et perd la balle pour Probst qui laisse tout espérer : l’accès à l’emploi pour la main d’œuvre, des modernisations RER, des bus, des téléphériques, et le réseau Grand Paris. Aura t’il les moyens de mener à terme son action ?
Mais Probst, aux dribbles plutôt déroutants, cafouille devant la cage. Les solutions alternatives ne suffiraient pas sans le métro ? But pour la ligne 18 ?
Sur quelles bases démographiques, réclame le public ! On entendra que c’est sur les prévisions des maires bâtisseurs …
Et que dira Cédric Villani, l’arbitre ?
Oui à la ligne 18. Un métro aérien sur viaduc de Palaiseau à Saclay et souterrain après .
Incursion sur le terrain d’un supporter : Jean-François Vigier, maire de Bures-sur-Yvette, harangue le public pour tenter de le rallier sa cause : Ligne 18 ! ligne 18 ! Ligne18 …. Huées.
Une chose semble sûre, la décision risque bien de frustrer encore une fois les tenants du « mieux être », car l’« avoir plus » est supporté par la majorité des notables. Rien n’a changé sous le soleil, sauf peut-être la position des députés « En Marche » …arrière.
Bonjour,
Présent samedi, je n’ai pas pu intervenir. Je vous livre ici un propos consigné dans ma contribution à l’enquête publique sur la ligne 18. A l’époque, une étude de Louis Schweitzer, président de la commission des investissements, concluait que le tronçon sud de la ligne 18 couterait 12,5% et ne pourrait rapporter que 5,5%. Donc non souhaitable. J’avais proposé la redynamisation des RER existants B et C, et la prolongation jusqu’à Bièvres (6,5 km en tunnel) de la section RER B de Sceaux-Robinson, en desservant Châtenay-Malabry et « la Butte Rouge ». Puis depuis Bièvres, des transports « à la demande » par câbles ou véhicules légers, de moins grande capacité mais plus fréquents que les bus. Solution laissant ouverte toute autre possibilité ultérieure si nécessaire, mais 1°, plus économique que la ligne 18 projetée, 2°, assurant une relation nord-sud essentielle pour rallier Paris et le nord, 3°, permettant des trains directs Roissy CdG-Bièvres et vice versa, utilisant les anciennes voies de fret (disponibles aujourd’hui) pour doubler.
On a toujours dit qu’on ne pouvait pas équiper le RER B de voitures à 2 niveaux, et l’on apprend que ce matériel est commandé. Bonne initiative, mais pourquoi ne l’avoir pas fait plus tôt? Pourquoi les livraisons à la SNCF sont-elles plus rapides qu’à la RATP?
On a l’impression que chaque partie prenante veut à tout prix placer son projet et son matériel. Or un projet de ce niveau voudrait qu’on ne parte pas de ce que chacun dispose « sur étagère », mais que tous unissent leurs compétences – il y en beaucoup – pour créer en concertation un projet inédit harmonieux, fonctionnel, équilibré.
Que chaque secteur soit prévu avec une surface optimale, pour un cadre de vie réellement confortable. Tel que l’a expliqué avec brio Jacqueline Lorthiois, où ce ne sont pas les prouesses technologiques de tel ou tel dispositif qui comptent, mais leurs rapports entre eux. Dans les limites du cadre très bien présenté par Jacques de Givry.
Compliments pour le compte rendu de cette journée, où les visions de ceux qui se sont exprimés ont été relatées en mouvement.
Pierre Masselin
• A en croire la moyenne d’âge des participants aux Assises de la Mobilité, le thème de la Mobilité semble ne pas intéresser les actifs qui ont brillé par leur absence au cours de cette journée, sur un thème qui concerne leur quotidien et leur avenir.
• Ces Assises de la Mobilité ont davantage traité des questions de mobilité locale (solutions très partielles CarLina, téléphérique) que des véritables solutions de mobilité pour le plus grand nombre : RER B, liaison essentielle RER B/RER C via la ligne de bus 9, Ligne 18 pour les déplacements sur la région Ile de France
• Le thème de la N118 a été totalement absent. Il aurait été intéressant de présenter l’évolution des flux sur cet axe congestionné, et les projections liées aux projets d’aménagement du Plateau de Saclay
• Malgré un exposé clair de Mme Liothiois, nous pouvons regretter qu’aucune étude précise n’ait précédé ces Assises pour présenter les flux entrants et sortants du plateau de Saclay
o Flux centrifuges professionnels : le plateau est un bassin de main d’œuvre qui voit une population colossale aller et revenir vers le plateau pour raisons professionnelles. Colossale mais quels sont les chiffres ?
o Flux centrifuges loisirs : quels sont les flux des habitants du plateau voyageant vers Paris, Versailles et autres bassins de loisirs chaque week-ends ? Quelles sont les solutions actuelles et à venir ?
o Flux centripètes professionnels : le plateau est un bassin d’emplois qui voit une population colossale venir et repartir du plateau pour raisons professionnelles, mais quels sont les chiffres et les projections ?
o Flux centripètes étudiants : le plateau est un bassin d’attraction croissante de populations étudiantes. Quels sont les chiffres
Nous n’avons eu aucune réponse à ces questions. Nous réfléchissons « solutions » avant même d’analyser les besoins. Comme l’écrit Michel Meunier : « Encore faut-il savoir pourquoi on bouge, et vers quoi on va. »
Vu les enjeux de la question de Mobilité pour le bien-vivre des habitants et usagers du Plateau de Saclay, il serait temps de prendre ce sujet dans le bon sens et arrêter de laisser la parole aux seuls partisans et opposants de la Ligne 18 ! Notre magnifique Plateau de Saclay vaut mieux que cela…
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