“Je crois au potentiel du plateau de Saclay», dit Jean-Marie Verdun (@vejmarie), Président de Splitted Desktop Systems une entreprise informatique basée à Saint-Aubin, Essonne. « Il y a ici énormément de cerveaux, donc un incroyable potentiel ».
Aujourd’hui, l’entrepreneur lance Buyparissaclay, une place de marché locale pour mettre en relation acheteurs et fournisseurs présents sur le plateau de Saclay. « Si on veut développer le secteur économique du plateau il faut que les entreprises se mobilisent pour montrer qu’elles existent. Nous devons prouver qu’il y a une économie locale qui fonctionne. Il faut que les entreprises travaillent ensemble au sein d’un écosystème local », dit-il.
Ne lui parlez pas de Silicon Valley à la française. N’évoquez pas non plus la promotion de l’entreprenariat sur le plateau de Saclay. M. Verdun se bat depuis sept ans pour faire vivre son entreprise informatique. Aujourd’hui il tire la sonnette d’alarme : « Nous sommes en train de reproduire ici un nouveau Sophia Antipolis », dit-il en référence au centre de recherche des Alpes Maritimes. « Il ne faut pas que le plateau se limite à un centre de recherche ».
Pour réussir, Paris-Saclay doit créer un environnement permettant aux étudiants et aux chercheurs de rencontrer des entrepreneurs et des investisseurs. Si le pari semble gagné pour les grandes universités qui s’installent sur le plateau aux côtés d’HEC et de Polytechnique et pour certaines grandes entreprises (Danone, Kraft Foods, EDG, Air Liquide…) qui construisent leurs centres de R&D.
Mais, M. Verdun regrette que l’urbanisation du plateau se fasse sans vision d’ensemble. Chaque bâtiment, chaque école étant autonome et sans lien avec les organismes voisins.
« Le plateau de Saclay est constitué de populations qui se croisent sans se rencontrer, » explique M. Verdun qui milite pour la création d’un lieu de vie. « Il faut construire des crèches, des restaurants et des services de restauration rapide, des lieux où les gens qui vivent et qui travaillent ici puissent se rencontrer ».
Ancien étudiant de l’Université d’Orsay, M. Verdun a vécu à travaillé plus de 15 ans dans des grands groupes informatiques nord américain en France et aux USA.
En 2006, il se lance et décide de créer sa première entreprise de fabrication d’ordinateur. La réussite est là et son chiffre d’affaires passe de 32 à 550 mille euros en deux ans avant d’atteindre 3 millions la troisième année, la plaçant parmi les trois seules entreprises française à connaitre une telle croissance. Splitted Desktop qui travaille en partenariat avec de grands groupes américains est spécialiste des solutions fanless (ordinateurs hyper silencieux dont le refroidissement se fait sans ventilateur).
En 2008, la société est frappée de plein fouet par la crise. « Nous avons réussi à survivre sans licencier personne », dit-il fièrement. « Nous avons dû nous réinventer en société d’étude et d’assemblage à bas coût travaillant entre autres pour Grosbill Auchan ».
Un assembleur à bas coût en France, ça surprend. Pourtant M. Verdun assure que les atouts de sa société sont nombreux : « Nous fournissons un service de très bonne qualité avec beaucoup de souplesse et une réactivité incomparable. Nous pouvons livrer en moins de 48h »
Pourtant, l’année dernière Splitted Desktop a risqué la faillite. « Malgré de nombreuses commandes personne ne voulait prêter de l’argent à une petite société comme la nôtre » dit-il.
Malgré tout M. Verdun le dit : « Je suis français et suis fier d’avoir une société ici. Notre projet vivra ou mourra en France. Mais si nous mourons, la question se posera alors de savoir où nous nous installerons pour recréer notre prochaine entreprise, car si, les investisseurs nous encouragent à nous développer, c’est aux Etats-Unis ou en Asie qu’ils nous disent d’aller… pas en France. »
Sans lieu de vie, sans véritable activité économique, le plateau reste un lieu très académique très : « métro-boulot-dodo » et la tâche est rude pour les entrepreneurs du plateau de Saclay. « Les PME du plateau n’arrivent pas à vendre aux institutions du plateau car la plupart sont trop petites pour pouvoir répondre aux appels d’offres », dit-il. Les seuls qui jouent le jeu sont Thales et Danone qui acceptent d’acheter aux PME innovantes ».
Pour mettre en relation entrepreneurs et acheteurs, M. Verdun a créé le site web Buyparissaclay pour les entrepreneurs du plateau de Saclay et pour le bénéfice de la communauté des utilisateurs. Elle a pour objectif de simplifier les achats et la création de partenariats sur le plateau.
Pour l’instant la plateforme regroupe :
Coté acheteurs référencés, seul Thales et Normale Sup sont présents…
« C’est difficilement à croire, mais il y a 15 millions d’achats de matériel informatique par an sur le plateau et jamais nous n’avons eu de demande de prix ! C’est symptomatique du manque de dynamisme de cette zone. Si nous n’arrivons pas à créer d’économie locale nous n’attirerons pas d’investisseurs et les entreprises ne viendront pas s’installer ici ».
Rares sont les PME qui ont pour client le CEA, ajoute-t-il. « Nous n’avons même pas été sollicités pour savoir si nous étions compétitifs ».
M. Verdun appelle à une prise de conscience collective. Il y a un potentiel unique de compétences, de ressources et une volonté du gouvernement de développer cette région. « Nous, entrepreneurs, devons également nous atteler à la tâche pour travailler ensemble et créer localement l’écosystème qui nous permettra de réussir et de faire de Paris-Saclay non pas uniquement un pôle de recherche mais un véritable pôle économique ».
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Je suis totalement en phase avec votre vision et trouve dommage et dommageable pour nos petites entreprises que les plus grosses ne jouent pas le jeu de l’écosystème local. Moi même porteuse d’une activité de conseil RH et DRH a temps partage, basée a saclay, je trouve votre initiative responsable, volontariste et constructive. Je vais de ce pas sur votre site.
Anne PASCARD