Je ne veux pas vous influencer mais uniquement vous répéter ce que les éleveurs m’ont dit.
_ J’en ai marre de traire, je veux des vaches autonomes.
Il y a une quinzaine d’années, visitant une ferme d’Ile-de-France, le propriétaire m’avait expliqué qu’un indicateur lui permettait de savoir quand la vache allait vêler et donc de dormir sur ses deux oreilles jusqu’à ce moment. La queue levée, indicateur de prédiction, était son remède aux nuits de veille. Depuis, les vaches ont beaucoup progressé. En doutez-vous ? Elles sont désormais capables d’aller se faire traire toutes seules. Dans les salles de traite, la main de l’homme (peu réputé pour son goût du travail à la chaîne) est devenue invisible. Bien sûr, comme beaucoup de familles des environs, j’ai visité la salle de traite de la ferme de Viltain. Les professeurs des écoles adorent montrer aux élèves un roto (le terme commercial Rotolactor est assez bien imagé), une sorte de manège qui tourne sur lui-même avec une libre circulation des animaux. Les vaches sont branchées manuellement pour la traite.
En lisant dans le New York Times un article ( 1) au titre original: Robots let cows decide when to get milked, le 24 avril, je me suis aperçu combien ce système conçu dans les années trente avait pris un coup de vieux. L’heure est au robot milking system.
Dans plusieurs fermes, en France, en Norvège et aux Etats-Unis, des robots de traite font le job. Le titre du même article sur le site web du journal est encore plus explicite : With Farm Robotics, the Cows Decide When It’s Milking Time.
L’Europe a été pionnière dans les années 1990: le groupe néerlandais Lely et la société DeLaval ( 2) qui a son siège à Elancourt, dans la partie yvelinoise du plateau de Saclay, proposent ces robots. Ces dernières années, ils fleurissent dans la ceinture d’élevage laitier qui entoure l’Etat de New York. Autrefois, la vie de la plupart des fermiers s’organisait selon le rythme des traites, une avant l’aube et une autre en fin d’après-midi. Aujourd’hui, grâce à un collier intelligent (sensor), les vaches ont obtenu ce qu’elles voulaient : plus d’autonomie, du temps pour donner leur lait, du sur-mesure avec une traite individualisée à la demande. C’est le règne du Do it yourself. Des lasers scannent leurs pis (teats) et les résultats traités par ordinateur donnent l’indice de chaleur de l’animal (à partir du nombre de pas parcourus), la quantité de lait…tandis que les animaux vont et viennent librement [the animals just walk through], de la zone de pâture, jusqu’au robot.
Les jeunes sont technophiles, ils redoutent le fumier et le travail manuel. Les vaches aussi semblent apprécier le changement. De même que les protecteurs des animaux, dans la mesure où « ne pas avoir le lait tiré est douloureux ». Or, les bêtes sont maintenues artificiellement en état de lactation permanent, d’où des allers et retours au poste de traite jusqu’à six fois par jour. Quelles sont les motivations de ces agriculteurs qui innovent ? Difficulté avec le personnel (quand ils en trouvent). Ils ont moins de souci avec un robot qui, de surcroît, assure une plus grande quantité de lait produite. Ils mettent à profit le temps dégagé grâce au robot pour soigner leurs bêtes. Comme le dit Tom Borden ( 3), propriétaire d’une ferme familiale « Je préfère manager des bêtes que des hommes » même si l’équipement coûte 250 000 dollars.
La démesure amerloque ai-je lu sur un forum ?
Christophe Baillat
http://christophebaillat.jimdo.com
(1) Article de Jessie McKinley paru dans le NYT April 24, 2014
(2) Remerciements à Edouard Alix, chef de produit robotique et Frédéric Baron, dirigeant de l’entreprise DeLaval à Elancourt. Photo Roto_HBR
(3) O.A. Borden & Sons a family farm since 1837
1 Comment
Tout est une histoire d’argent et de ne plus vouloir travailler!
Plus les agriculteurs auront de l’argent et plus ils robotiseront et moins ils travailleront!
De générations en générations les agriculteurs deviennent plus riches et veulent moins en faire!
J’ai des voisins qui ont une ferme à l’ancienne et ne veulent en rien robotiser!
Pour les plus grands exploitants , cela est une histoire de rendement et de retour sur investissement et non un amour du métier!
Les responsables de la Ferme de Viltain ne sont que des gérants car ils ont assez de personnes pour faire le travail, ils ne font que superviser!