J’ai rencontré Nicolas Sker jeudi 30 juin, lors d’un déjeuner dans une brasserie de Boulogne. Rapidement la conversation s’engage sur le thème de son roman : Le premier crâne – un secret ancestral, un chercheur qui cherche à percer ce mystère, le Vatican, les Francs Maçons…
Stanislas Berteloot : Pourquoi ce thème : un thriller archéologique & scientifique ?
Nicolas Sker : Je suis obsédé par les origines. L’archéologie recherche les origines terrestres. La science les origines de l’univers. Le thriller permet de donner une puissance au mystère tout en injectant une urgence au récit. Je déteste les thrillers qui nous tartinent d’histoires parallèles qui n’ont rien à voir avec l’intrigue. Ici, l’énigme avance en permanence mais la réponse n’est qu’à la dernière, dernière ligne. Et il y a une vraie réponse. Tout ce que j’aime.
SB : Vous auriez pu choisir un autre centre de recherche pourquoi le CEA de Saclay ?
NS : Je voulais que l’histoire commence en France et pas comme les ¾ du temps aux Etats-Unis. Les français sont très bons dans les domaines archéologiques et je tenais à ce que cette histoire soit ancrée dans la réalité. Et puis le CEA possède les appareils les plus performants pour réaliser les examens dont les personnages du roman ont besoin pour comprendre le mystère de crâne sans âge…
SB : Votre roman est très riche en information, aussi bien sur le CEA que sur les méthodes scientifiques utilisées par les historiens. Comment avez-vous fait vos recherches ?
NS : Ca m’a pris 2 ans. Je voulais tout recouper, tout vérifier et ne pas tomber dans le piège du Da Vinci Code qui annonce que tout est v rai et qui se fait démasquer quelques mois plus tard par des journalistes plus malins que les autres. J’ai donc fait le boulot d’un journaliste. Je mettais en doute tout ce que je trouvais, je cherchais la faille pour chaque information et si elle résistait je la gardais. Sinon, je la laissais tomber. J’ai donc pris un abonnement à la BNF et demandé l’accréditation pour les chercheurs. Et puis j’ai beaucoup échangé avec historiens, des archéologues, des conservateurs de musée, des scientifiques, des astrophysiciens.
SB : Sur la totalité de votre roman, combien de chapitres se passent à Saclay ?
NS : 1/3 du livre se déroule à Saclay. Dans le CEA sur le campus et dans l’église de Saclay. Il s’y passe beaucoup de chose. C’est là que naît l’énigme du roman et c’est là que l’on découvre la trahison de l’un des personnages et que se déroule la violente mort d’un autre.
SB : Vous êtes scénariste chez M6 et vous publiez aujourd’hui votre premier livre, Le premier crane. Avez-vous deux vies ?
NS : Et deux noms. A M6, je suis Nicolas Beuglet, pour le livre, Nicolas Sker. Pseudo que j’ai choisi en référence à mon film préféré « Le Nom de la Rose » et de son héros Guillaume de Baskerville…Pourquoi un pseudo me direz-vous ? Mon éditeur trouvait que Beuglet manquait un peu de charisme. Je ne pouvais pas lui donner tort.
SB : Depuis quand souhaitiez-vous écrire ce livre ?
NS : Ce livre à été une thérapie pour moi. J’avais une phobie, celle de l’infini. L’infini de « l’avant et de l’après ».Qu’y avait-il avant le big bang ? C’est cette énigme sans réponse qui a généré l’étincelle originelle de mon envie. Et si un jour on trouvait sous nos pieds un crâne humaine capable de répondre à cette question. Maintenant je n’ai plus la trouille.
SB : D’où vous est venue l’inspiration de ce roman ?
NS : Probablement de la supercherie de Piltdown. Vers les années 1900, Charles Dawson, un archéologue, a découvert en Angleterre (près de Piltdown), le crâne du « chaînon manquant ». Cet être qui aurait jadis fait la jonction entre l’homme et le singe et que l’on cherchait en vain depuis des années. L’information a fait le tour du monde, les manuels scolaires ont été changés : le premier homme était anglais ! Mais une cinquantaine d’années plus tard, les datations archéologiques ont permis de dater précisément l’ossement et la supercherie a été dévoilée. Ce crâne était un montage entre des ossements d’homme du moyen âge et une mâchoire de singe. Le tout artificiellement vieilli au bichromate…Pendant 50 ans, le monde a vécu en croyant dur comme fer que le premier homme au monde était anglais et son découvreur considéré comme une star.
SB : Etes-vous venu faire des repérages en personne ?
NS : Non. J’ai tout lu, tout regardé, tout repéré géographiquement sur le CEA mais un auteur doit toujours se garder une part d’imagination pour écrire. Sinon, il se bloque. J’avais ce qu’il me fallait.
SB : Comment pensez-vous que les personnes travaillant dans ce centre vont recevoir Le premier crane ?
Je serais à leur place, je serais très curieux de voir comment le sort de l’humanité se joue dans mon laboratoire.
SB : Les méthodes scientifiques décrites dans votre livre sont-elles réelles ?
NS : Oui. La seule chose qui a été adaptée, c’est le temps que prennent certains examens. Pour des raisons de rythme, les résultats arrivent plus vite que dans la réalité mais les méthodes restent les mêmes. Elles sont d’ailleurs assez affolantes et vertigineuses.
SB : Seriez-vous heureux ou vexé de croiser votre roman sur une plage cet été ?
NS : Tout dépend où se trouve le roman. Chaussé entre les mains d’une centaine de vacanciers au bord de l’insolation, incapables de décrocher de l’histoire : heureux. En calage de table de camping, moins heureux.
2 Comments
Bonjour Stanislas,
Bravo pour cette info.
Nous autorises-tu à utiliser ton interview pour la newsletter de HaOui dans dans la rubrique « Livre »?
Bien à toi.
Merci Patrick, oui avec plaisir!
Stan