Le directeur du Plan Campus déclare se battre pour préserver les terres agricoles en minimisant les zones urbanisées
Pierre Veltz, le président directeur général de l’Etablissement public de Paris-Saclay (EPPS), a accordé mercredi 23 mars un entretien à monSaclay.fr dans ses bureaux à Orsay durant lequel il a partagé ses espoirs et ses frustrations sur la mise en place du Plan Campus.
« La CAPS nous complique sérieusement la vie en refusant tout contact entre ses services et les nôtres », dit Pierre Veltz. Ce manque de collaboration avec les instances locales ainsi que la lourdeur des processus administratifs retarde certaines décisions.
« C’est compliqué avec les élus pour nous », explique M. Veltz, « Ils sont 49 et nous n’avons qu’une petite équipe. Le temps qu’on peut consacrer à chacun est un peu limité. Malgré tout, nous avons mis en place un processus dont les délais sont parfaitement tenu ».
L’EPPS a comme vocation le développement et l’aménagement du cluster (le regroupement sur le plateau de Saclay de 23 établissements de l’enseignement supérieur et de la recherche en vu de constituer le plus grand campus d’Europe).
Aujourd’hui trois débats entourent ce projet :
- Le déménagement des grandes écoles vers le plateau de Saclay
- La mise en place de moyens de transports collectifs
- La protection de 2300 hectares de terre agricole
L’arrivée des écoles
« Je suis toujours un peu surpris quand j’entends dire que Saclay serait une espèce de projet top-down décidé à l’Elysée et que l’on obligerait ces malheureuses écoles et universités à rejoindre le plateau », déclare M. Veltz.
« Il y a des grandes écoles qui veulent venir : l’Ecole Centrale, l’Agro ParisTech, ENSAE, l’ENSTA ParisTech, les Mines ParisTech et l’Institut Télécoms, ENS Cachan. Je rencontre régulièrement des équipes de direction extrêmement proactives pour venir.
D’ailleurs, ils sont sur notre dos pour accélérer les processus. Ils viennent parce qu’ils ont fait l’analyse que la situation d’isolement dans laquelle ils sont aujourd’hui n’est pas tenable », affirme M. Veltz.
Le président explique que beaucoup de grandes écoles parisiennes sont réparties sur plusieurs sites. Il cite le cas de l’Ecole des Mines où certains regrettent de quitter le quartier du Luxembourg mais dont les labos sont situés à Fontainebleau et Evry et non à Paris. « Pour les Mines c’est une façon de rassembler ses troupes », dit-il.
« Les écoles sont beaucoup trop petites à l’échelle internationale », « Aujourd’hui la référence internationale sont des universités technologiques dans lesquelles vous avez toutes les disciplines et de grandes capacités d’investissement. Ce sont des plateformes technologiques qui sont beaucoup plus importantes que celles de nos écoles. Par exemple le MIT de Boston ou Polytechnique de Lausanne sont les concurrents aujourd’hui de nos grandes écoles et sont en moyenne dix fois plus grosses », dit il.
M. Veltz ne cache pas son souhait qu’en rapprochant, au sein d’un même espace, écoles et universités on mette fin à la coupure institutionnelle, culturelle et sociologique typiquement française de ces deux mondes.
Les transports sur le plateau
Ce cluster ne peut se concevoir sans améliorer et renforcer les transports en communs sur le plateau de Saclay.
« Il faut améliorer la situation du RER B et C et il faut rationaliser les transports en bus existant », déclare M. Veltz. « Pour cela nous sommes très favorables à la création d’une autorité organisatrice de second rang (un échelon intermédiaire dans l’organisation du STIF pour traiter des problèmes locaux à l’échelle locale, (Le STIF, présidé par Jean-Paul Huchon président du conseil régional d’Île-de-France, organise les transports publics des franciliens).
L’EPPS souhaite également améliorer le transport en commun en site propre (TCSP). « Le débat est de savoir si c’est suffisant », dit M. Veltz. » Les Verts, en particulier, pensent que le TCSP suffit et qu’on pourrait d’ailleurs un jour le transformer en tramway. Nous, notre réponse est de dire que ça ne suffit pas ».
Avec le métro Paris est à 30mn de Saclay
Pour le PDG de l’EPPS un métro est nécessaire, compte tenu de la taille du plateau et de la distance qui existe entre les établissements à desservir.
Ce métro permettrait de mettre le centre de Paris à 30mn de Saclay et Roissy à 45mn.
M. Veltz ajoute « réfléchir également à un TCSP Nord – Sud pour une connexion plus fluide entre les Ulis, Saclay, HEC, Jouy en Josas, le Val d’Albian et Vélizy ».
« Il faut que tout cela soit réalisé avant la fin de la décennie. Dire aux gens qu’en 2025 vos enfants seront bien desservis, ce n’est pas crédible », ajoute-t-il.
La protection des terres agricole
M. Veltz entend l’impatience du représentant des maires du plateau auprès de l’EPPS, M. Hervé Hocquard, mais il assure que: « Nous allons discuter des terres à sanctuariser avec tous les maires concernés ».
Rien au 1er juin
Même s’il explique que la date du 1er juin fixée par le législateur pour délimiter ces terres ne sera pas tenue, il précise : « Mon objectif est qu’avant l’été cette délimitation soit faite dans le consensus ».
Un état des lieux des terres agricole a été confié à la SAFER. Cette société a rencontré tous les exploitants du plateau pour établir une analyse de l’évolution de l’agriculture sur le plateau. « Nous allons avoir les résultats de cette étude dans les jours qui viennent et à partir de là nous allons pouvoir enclencher un processus de délimitation des 2300 hectares ».
« En tenant compte de la dynamique du monde agricole il faut s’assurer que cette zone corresponde à des exploitations viables et il faut éviter qu’il y est de la déprise agricole. Il faut que les agriculteurs s’y retrouvent », insiste-il.
Il regrette d’avoir, « un peu de mal à faire valider les schémas d’urbanisme », par les acteurs régionaux, même si, dit-il, ces plans « sont basés sur l’économie des ressources naturelles maximum et en particulier [la protection] du foncier.
On utilisera moins les terres agricoles pour faire le Plan Campus que l’on en a dépensées pour construire des lotissements et tracer des golfs ».
L’EPPS a obtenu qu’EDF réduise de moitié la surface initialement demandée pour son centre R&D. L’établissement public cherche avant tout à densifier les schémas d’urbanisme, assure M. Veltz.
« A Beckley il y 30,000 personnes sur un site de la taille de Polytechnique », dit-il. « C’est un campus vert, avec des pelouses, mais contrairement à Polytechnique où sont logés 5000 étudiants, il y a des gens sur les pelouses »…
6 Comments
Toujours pas de réponse sur le fait de relier Saclay à Paris avec un métro qui ne passe pas par Paris. Ce métro est surtout un moyen de bétonner sur un vaste périmètre tout autour de Paris parce le béton se développe partout autour des stations de métro. Le projet campus n’est qu’un pretexte à un vaste bétonnage d’un pays déjà hypercentralisé.
[…] MonSaclay.fr a rencontré Emmanuel Vandame, un céréalier du plateau dont la ferme à Villiers-le-Bâcle est le siège des Jardins de Cérès, la plus grande Association pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne (AMAP) d’Ile de France. Alors que le gouvernement cherche à identifier les terres qui seront sanctuarisées, M. Vandame reste dubitatif : « Ils ne vont pas trouver les 2300h. On va juste s’en approcher », déclare t-il. « Cela montre qu’ils sont incapables de réduire leur projet. Pierre Veltz est un fin politicien, » ajoute-t-il, « ses délégués ont même essayé de faire passer l’aéroport de Villacoublay dans les 2300h de terres sanctuarisées ». (Lire l’interview de Pierre Veltz dans monSaclay.fr) […]
Oui les Mines sont volontaires pour venir à Saclay, mais partiellement ; la communauté de l’école ne veut pas d’un transfert total, personne ne veut quitter Luxembourg. Ce serait absurde.
Je pense qu’en ce qui concerne le désir des Mines d’aller sur le plateau de Saclay, M. Veltz n’a pas pris le soin de vérifier ses sources. Les élèves, les enseignants, le personnel, les anciens élèves, les syndicats sont tous unanimes pour condamner ce déménagement, à l’exception des laboratoires franciliens, pour lesquels cela se traduirait par une synergie effective à moindre coût.
Afin de contre balancer l’enthousiasme peut-être un peu excessif de M. Veltz, j’invite le lecteur intéressé à aller consulter l’article « Saclay, ou la chronique d’un désastre annoncé » dans le courrier de l’architectes sur http://www.lecourrierdelarchitecte.com/article_1908
[…] avec enfants, des écoles, des crèches, des commerces, des équipements culturels et sportifs, » Pierre Veltz, Président-Directeur Général de l’Etablissement Public […]
[…] Lire la suite et en savoir plus sur http://www.lexpress.fr/region/l-etat-s-est-toujours-mefie-de-paris_1306392.html#V68Aj6wTjkUmJjsK.99 Lire également sur monSaclay […]