Le métro automatique, une des solutions annoncées ne répond pas aux besoins et aux attentes des associations et des habitants
Comme expliqué dans Liaison de février, l’Etat et la Région ont annoncé le 26 janvier un protocole d’accord sur les transports franciliens qu’ils qualifient d’« historique », bien que cette annonce n’engage pas réellement les deux parties. Concernant les principes de développement et de desserte du plateau de Saclay, cible majeure de tout le projet Grand Paris, cet accord ne fait que concrétiser un… désaccord qui est formulé comme suit :
Pour l’Etat : la desserte du plateau de Saclay dans les conditions prévues par la loi relative au Grand Paris de façon à relier ce territoire à Paris en moins de 30 minutes et à Roissy en moins de 50 minutes constitue une priorité dans la perspective du développement maîtrisé du pôle d’excellence et de l’ensemble du plateau de Saclay. Cette desserte doit être assurée au travers de la réalisation d’un métro automatique opérationnel dès 2020. Le tracé et les modalités de réalisation de cette infrastructure ne pourront pas créer de coupure nouvelle au sein de la zone de protection agricole, forestière et paysagère prévue aux articles 141-5 et suivants du code de l’urbanisme.
Pour la Région : la desserte du plateau de Saclay appelle une réponse réaliste et équilibrée par la création d’un bus à haut niveau de service sur le plateau (dont certaines sections sont déjà en service), qui pourra évoluer par la suite vers un tramway. Ces projets du plan de mobilisation offrent des connexions efficaces avec le réseau métropolitain et les pôles de Versailles, Saint-Quentin-en-Yvelines, Massy et Orly. Cette solution correspond aux perspectives de développement du secteur.
Le point de vue de COLOS (1) sur ce désaccord se résume de la façon suivante.
Sur la position de l’Etat
Comme les experts indépendants reconnus en matière d’urbanisme et de mobilité, qui s’expriment tous de manière critique sur les orientations et postulats du projet de l’Etat, nous continuons à insister sur le manque de pertinence du projet de Christian Blanc, repris par le Président de la République.
Le passage d’un métro automatique est une solution inadéquate, car ne répondant qu’à des besoins marginaux et non aux besoins réels. Avec un coût exorbitant pour les générations futures. Il arrive 10 à 15 ans trop tard par rapport aux besoins considérables créés par l’implantation du campus sur le plateau. Il s’inscrit dans une logique de construction de ville nouvelle et constitue inévitablement l’amorce d’une urbanisation massive du plateau.
Sur la position de la Région
Son approche est plus réaliste que celle de l’Etat, mais la desserte au milieu du plateau par un TCSP ne constitue qu’une solution très partielle : seule une personne sur cinq travaillant sur le plateau y entre par Massy-Palaiseau ou Versailles-St. Quentin.
Dans nos préconisations
Ni l’approche de l’Etat, ni celle de la Région ne prennent en compte la dimension locale de la desserte du plateau. Nous avons toujours averti (et rappelé dans notre cahier d’acteur) que la configuration de ce territoire y impose des contraintes particulières à l’organisation de la mobilité. Nous plaidons en faveur d’une irrigation par les lignes de RER B et C qui entourent le plateau et doivent être rénovées d’urgence. Or, le protocole d’accord ne mobilise aucun financement pour le RER B, et le financement au profit du RER C ne semble pas couvrir l’amélioration de la branche Massy-Versailles. Et reste à mettre en place un réseau capillaire articulé sur les gares de RER, au travers d’une approche innovante, soucieuse d’économie d’énergie et basée sur une flotte de navettes légères.
Harm Smit
Coordinateur
(1)Collectif OIN-Saclay (COLOS)
[email protected] et www.colos.info
Paru dans le mensuel « Liaison » publié par Ile-de-France Environnement, édition n° 133 de mars 2011
1 Comment
Un métro qui relie Orly à Roissy en passant par Saclay ne peut en aucun cas mettre Saclay à moins de 30 minutes de Paris. On se fout du monde! Des milliards seront dépensés pour continuer à bétonner la région parisienne. Pourquoi Bouygues n’irait pas un peu bétonner la Creuse ou la Lozère?