Le débat public sur le projet de réseau de transport du Grand Paris (RGP), surnommé Grand 8, est en cours depuis le 30 septembre 2010 jusqu’à fin janvier 2011. Une réunion publique importante pour notre secteur aura lieu le 19 janvier à 20h00 à Supelec.
Rappelons que le collectif associatif et apolitique COLOS (Collectif OIN Saclay) – créé en 2006, sous l’égide d’Ile-de-France Environnement (IDFE) – comprend l’Union des Associations de Sauvegarde du Plateau de Saclay (UASPS), l’Union des Amis du Parc Naturel Régional de la Haute Vallée de Chevreuse (UAPNR), l’association des Amis du Grand Parc de Versailles (AGPV) et l’Union Essonne Nature Environnement (ENE). Cet ensemble de plus de 100 associations couvre la totalité du territoire de l’OIN décidée par l’Etat fin 2005, centré sur le plateau de Saclay et comprenant 49 communes. Connaissant bien ce territoire, COLOS concourt à la sauvegarde et la mise en valeur de son patrimoine et de son cadre de vie.
Dans le cadre du débat public, COLOS a déposé un cahier d’acteur, articulé autour de quelques aspects clés du dossier, surtout centrés sur le plateau de Saclay :
- Le discours fallacieux sur les villes-monde et leur prétendue concurrence, qui constitue la justification de fond du projet et dont on déduit la fatalité d’une expansion démesurée de la région capitale, donc d’un retour en arrière en matière de décentralisation. COLOS estime que ce serait une erreur historique !
- Le manque de pertinence du regroupement d’activités de R&D sur le plateau de Saclay selon le concept anglo- saxon de « cluster », dont rien ne prouve qu’il soit transposable en France, compte tenu des différences de traditions, de mentalités et de structures sociales, et qui semble désormais passé de mode.
- La nécessité de maintenir l’activité agricole sur le plateau de Saclay, élément essentiel de sa qualité de vie, elle-même une composante cruciale de l’attractivité de ce territoire.
- L’accessibilité du plateau de Saclay, talon d’Achille de tout projet d’aménagement de ce territoire, tant par les transports en commun que par la route.
Le coût du Grand 8 est exorbitant : 23,5 Mds€, auquel il faut ajouter les dépassements. Or, comme cette estimation est sans doute inspirée par celles des services de la RATP, dont la Cour des comptes a établi qu’elles sont presque toujours dépassées par la réalité, parfois par un facteur proche de 2, il faudrait plutôt tabler sur un coût minimum de 40 Mds€. Ceci ne manquera pas de faire souffrir les générations futures, qui auront à rembourser les emprunts. COLOS estime que c’est irresponsable.
Nonobstant, la justification du Grand 8 est des plus fantaisistes. Le plateau de Saclay ayant pour vocation d’accueillir des chercheurs et des étudiants, Mme Pécresse a affirmé qu’il serait absurde d’augmenter la capacité d’aviation d’affaires de Toussus-le-Noble. Il est donc tout aussi absurde de vouloir mettre à tout prix Saclay à moins de 50 minutes de Roissy CDG et à moins de 30 minutes de Paris, comme le réclame la même ministre. Ainsi, le Grand 8 ne répond qu’à des besoins tout à fait marginaux : les déplacements entre pôles de développement et ceux entre pôles et aéroports. Qui plus est, comme le Grand 8 n’existerait au plus tôt que dans 15 ans, il ne répondrait nullement aux besoins réels et urgents que posera d’ici 2015 l’afflux de 25.000 personnes supplémentaires induit par l’implantation du cluster scientifique et technologique.
Il faudra donc trouver d’autres solutions pour y faire face ; si on les trouve, l’intérêt du Grand 8 serait encore plus marginal.
Le cahier d’acteur de COLOS présente huit préconisations pour une meilleure desserte du plateau de Saclay, afin d’affronter avec de meilleures chances de succès le flux de passagers qui vont bientôt débarquer sur le plateau.
- A défaut d’abandonner tout le RGP, supprimer la branche passant sur le plateau de Saclay. La ligne verte pourrait se terminer à la Défense, qui est déjà reliée à Versailles par plusieurs lignes de transport.
- Suivre une proposition de la SNCF : faire aboutir la Tangentielle Ouest inscrite au contrat de projets Etat- Région 2007-2013, mais à présent bloquée, et la connecter à la Tangentielle Nord, en cours de réalisation, puis à une Tangentielle Sud de Versailles à Sucy-Bonneuil par Massy, et une Tangentielle Est – créant ainsi une rocade ferrée de moyenne couronne, véhiculant des tram-trains capables de rouler à 100 km/h. Au nord du plateau de Saclay, la Tangentielle Sud emprunterait les mêmes voies ferrées que le RER C.
- Irriguer le plateau de Saclay à partir des gares des RER B et C qui entourent le plateau, aucun point du plateau n’étant éloigné d’une de ces gares de plus de 3 km. Il est urgent d’améliorer le matériel, la fréquence, la vitesse et la régularité de ces RER. Pour le RER B Sud, peu de moyens sont à présent mobilisés à cet effet. Pour améliorer le fonctionnement du RER B, il importe de doubler le tunnel entre Châtelet et la Gare du Nord, qui est actuellement le principal goulot d’étranglement de cette ligne. Quant au RER C, il faut créer une liaison directe et performante de Massy à St. Quentin-en-Yvelines (voire à Rambouillet), ce qui évite d’avoir à créer sur le plateau un TCSP Massy-St. Quentin, consommateur d’espaces agricoles. Le RER C peut être complémenté soit par la Tangentielle Sud, soit par le prolongement du tram-train Evry-Massy vers Versailles (dont la réalisation doit être accélérée).
- Afin d’améliorer l’accessibilité du plateau de Saclay, assurer une bonne interconnexion entre ces lignes de RER et d’autres structures de transport collectif à créer. En particulier, dans le secteur Versailles-St. Quentin, le choix de la gare principale d’interconnexion et des liaisons avec les autres gares existantes doit faire l’objet d’une étude détaillée.
- Développer, entre les lieux de vie et d’activités, et les gares des RER B et C, des moyens de transports collectifs légers et innovants par navette, servant les besoins des personnes travaillant sur le plateau et ceux des habitants.
- Compléter ces transports d’un réseau de circulations douces. Le plateau de Saclay est doté d’un réseau de rigoles et d’étangs, qui constitue une trame verte et bleue et qu’il importe de sauvegarder. Plutôt que de créer des pistes cyclable et piétonnier le long de la RD 36, il serait judicieux d’utiliser les cheminements le long de ces rigoles, qui fournissent un cadre bien plus agréable et meilleur pour la santé. Ces cheminements – qui existent déjà ou sont programmés le long des rigoles dans le cadre de leur réhabilitation – permettraient de développer un réseau maillé de circulations douces reliant les centres d’activités et les zones d’habitation. Leur utilisation ne nécessiterait aucune expropriation, ferait économiser des terres agricoles et se traduirait, in fine, par des coûts et des délais de réalisation optimaux.
- Faire aboutir le projet de TCSP Massy-Courtaboeuf et créer des liaisons efficaces entre le plateau de Saclay et la zone de Courtaboeuf. L’aménagement du plateau de Saclay étant avant tout destiné à accueillir des établissements d’enseignement et de recherche, la capacité de développement économique de Courtaboeuf est complémentaire au potentiel de recherche de Saclay.
- Améliorer la liaison entre Massy et Orly – par un TCSP ou par une meilleure utilisation des voies ferrées existantes –, ce qui permettrait également de relier Saclay à Roissy CDG par la ligne bleue du RGP.
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Ce qui serait intelligent et peu couteux, ce serait de faire de la ligne C une boucle évitant le changement à Versailles pour se rendre à Paris.