Par Harm Smit, article précédemment publié dans Liaison n° 127 de septembre 2010.
Liaison est une publication mensuelle d’Ile-de-France Environnement.
Au-delà de leurs conclusions sur des projets routiers, les associations du plateau de Saclay regroupées au sein du collectif COLOS révèlent l’incohérence de l’aménagement du plateau de Saclay prévu dans le cadre du Grand Paris.
En mai et juin ont eu lieu, successivement, la concertation préalable sur le prolongement vers Saclay du TCSP Massy-Polytechnique (projet régional), puis l’enquête publique sur la « requalification » de la RD 36 entre Palaiseau et Châteaufort. Ce dernier projet (départemental) prévoit un TCSP entre Palaiseau et Châteaufort le long de la RD 36, ainsi que le doublement de celle-ci entre Saclay et Châteaufort. Il s’agit d’une évolution d’un projet fondé sur l’implantation au milieu du plateau d’un barreau autoroutier (A 126) reliant l’A 10 et l’A 12, projet que le SDRIF 2008 a abandonnée.
Une approche dépassée
Tout axe routier lourd est-ouest à travers le plateau y déstructurerait l’activité agricole et constituerait l’amorce d’une urbanisation massive du plateau, incompatible avec la préservation de 2300 ha de terres agricoles, inscrite tant dans le nouveau SDRIF que dans la loi du Grand Paris promulguée le 3 juin dernier. Ces deux textes sont fondés sur un plateau de Saclay essentiellement agricole, qui accueillera sur ses franges des établissements de recherche et d’enseignement scientifique. Le concept d' »axe structurant », qui sous-tend les projets routiers proposés, n’est donc plus de mise.
Priorité au traitement des points noirs
Les difficultés de circulation actuelles étant dues à quelques points noirs, on doit pouvoir se contenter – au lieu de mettre en place un TCSP intégral de bout en bout – d’améliorer la circulation en ces points noirs en réalisant des passages souterrains et en implantant des TCSP ponctuels là où c’est indispensable tout en munissant les bus d’un système de priorité aux feux.
Irriguer le plateau par ses bords, non par ses seules extrémités
Un tracé linéaire entre les deux extrémités du plateau (Massy-Palaiseau et Versailles-Saint Quentin) est inadéquat. La grande majorité des personnes travaillant sur le plateau habitent dans l’Essonne et ne transitent donc pas forcément par ces extrémités. Ceci milite en faveur d’une irrigation du plateau à partir des gares de RER (B et C) qui entourent le plateau, aucun point du plateau n’étant éloigné de plus de 3 km d’une de ces gares. Bien entendu, la modernisation des lignes de RER est la première des priorités, y compris le prolongement du tram-train Evry-Massy vers Versailles.
Favoriser les circulations douces
Le plateau de Saclay est doté d’un réseau de rigoles et d’étangs – construit pour alimenter les fontaines de Versailles –, qui constitue une trame verte et bleue et qu’il importe de sauvegarder. Plutôt que de créer des pistes cyclable et piétonnier le long de la RD 36, il serait judicieux d’utiliser les cheminements le long de ces rigoles, qui fournissent un cadre bien plus agréable et meilleur pour la santé. Ces cheminements – qui existent déjà ou sont programmés le long des rigoles dans le cadre de leur réhabilitation – permettraient de développer un réseau maillé de circulations douces reliant les centres d’activités et les zones d’habitation. Leur utilisation ne nécessiterait aucune expropriation, ferait économiser des terres agricoles et se traduirait, in fine, par des coûts et des délais de réalisation optimaux.
Des projets hétéroclites et prématurés
La multiplicité des projets, menés par des acteurs disparates et sans vision d’ensemble, est inefficace et coûteuse. En outre, ce saucissonnage est prématuré en attendant le débat public sur le métro automatique, qui va bientôt être lancé et qui risque d’en remettre en cause les fondements.
Si l’inutile et coûteux déplacement d’Orsay vers le plateau de Paris XI avait déjà donné un aperçu de l’immaturité de ce projet lancé à la hussarde, il apparaît de plus en plus clairement que la vision du Grand Paris concernant l’aménagement du plateau de Saclay manque de cohérence interne : fondée sur une logique d’urbanisation, son intégration avec l’existant relève de la quadrature du cercle.
Harm Smit
coordinateur
Collectif OIN-Saclay (COLOS)
31 rue de l’Eglise, 91430 Vauhallan
01 69 41 18 63
[email protected]
A Propos de Colos
Le collectif COLOS a été créé en mai 2006, sous l’égide d’Ile-de-France Environnement (IDFE). Il comprend l’Union des Associations de Sauvegarde du Plateau de Saclay (UASPS), l’Union des Associations du Parc Naturel Régional de la Haute Vallée de Chevreuse (UAPNR), l’association des Amis du Grand Parc de Versailles (AGPV) et l’Union Essonne Nature Environnement (ENE). L’ensemble de plus de 100 associations ainsi constitué couvre la totalité du territoire de l’Opération d’Intérêt National décidée par l’Etat début 2006, centré sur le plateau de Saclay et comprenant 49 communes.
COLOS est un groupe de réflexion, de concertation, d’information et de proposition strictement apolitique. Il est constitué de bénévoles connaissant bien le territoire. Son unique raison d’être est de concourir à la sauvegarde et la mise en valeur du patrimoine et du cadre de vie de ce territoire.
1 Comment
Bonjour, habitant Saclay depuis 23 ans, j’attends avec impatience le renforcement des lignes existantes RER B et C, comme vous le précisez, avec la bifurcation Massy -Versailles qui éviterait de prendre la passerelle et d’attendre 30 minutes en heures normales.Cela intéresse autant le parc de Diane que le val.